Remparts

C'est probablement vers le IVe siècle qu'une palissade, englobant la place Marguerite-de-Lorraine, les rues Bonette, de l'Ancienne-Mairie, une partie de celle du Val-Noble, des Granges et des Marais, aurait constitué la première enceinte de la ville.

Deux siècles plus tard, celle-ci est étendue aux rues de la Juiverie et de l'Hospice, cette dernière aujourd'hui intégrée dans le centre hospitalier. Les pieux trouvés en novembre 1952 lors de travaux effectués rue de la Juiverie, sur l'emplacement des marais de la rive droite de la Sarthe, pourraient être les vestiges de cette deuxième ligne de fortifications.

Probablement aux Xe-XIe siècles, une troisième ligne de défense est mise en place en même temps que le premier château bâti par Yves ou/et Guillaume Ier, seigneurs de Bellême et d'Alençon. Celle-ci partait de la rue de Sarthe, près du grand moulin, traversait en arc de cercle les terrains du centre hospitalier pour rejoindre la Briante, longeait la rue des Fossés-de-la-Barre jusqu'au château, enveloppait l'actuelle place Foch, franchissait la rue de la Chaussée vers la rue Matignon, suivait un bras de la Briante situé approximativement sous la rue de De-Lattre-de-Tassigny, passait sous la Grande-Rue et rejoignait la Sarthe à côté du pavillon Henri-II.

Une quatrième et dernière ligne de remparts est construite aux XIVe-XVe siècles. Vraisemblablement commencée en 1358 par le comte Charles III (1346/1361), les travaux sont poursuivis par Pierre II (1361/1404), qui fait commencer la construction du second château puis, vers 1446, par le roi d'Angleterre Henri VI qui occupe Alençon et qui, en mars, autorise les habitants à lever une taxe sur le sel afin d'entretenir les fortifications. Elle reprend le même tracé que la précédente. Mais après le château, l'enceinte coupe la rue de Bretagne pour rejoindre la cour carrée de la Dentelle, passe derrière l'ancienne église des jésuites, atteint la place Desmeulles et les arrières sud du cours Clemenceau jusqu'à la Grande-Rue qu'elle croise, contourne la maison d'Ozé jusqu'à la tour du Plénître et revient entre la Sarthe et les maisons de la rue de la Poterne pour aboutir près du pavillon Henri-II.

Les épaisses murailles, précédées vers la ville d'un chemin couvert et d'un talus intérieur, étaient couronnées d'un parapet garni de mâchicoulis et flanquées de hautes tours. Un plan du XVIIIe siècle en montre dix-sept flanquant les courtines. Trois autres tours ont été retrouvées grâce a un dessin de 1678 et au plan cadastral de 1811, l'une en bordure de la Sarthe et les deux autres entre la porte de Lancrel et le château. L'ensemble était ceinturé au nord et à l'est par des fossés inondables d'une largeur de douze mètres, au sud par la Sarthe et à l'ouest par la Briante.

Entre 1741 et 1766, à la demande de propriétaires invoquant leur mauvais état et la menace qu'ils constituent pour la sécurité de leurs demeures y étant adossées, les remparts sont démantelés.

En juillet 1852, il est trouvé dans la rue Cazault, au cours de travaux de terrassement, les fondations d'une tour qui aurait eu un diamètre de dix mètres et une hauteur de trente-trois mètres.

Cinq portes percées dans les remparts permettaient d'entrer dans la ville.

Il est regrettable que ce formidable ensemble fortifié médiéval ait été détruit interdisant ainsi à notre ville de rivaliser avec Aigues-Mortes, Carcassonne ou Saint-Malo. Rares sont les vestiges des fortifications alençonnaises qui eurent un développement d'environ 2 000 mètres. Il ne reste pratiquement plus que la muraille du Plénître, restaurée en 1996, et quelques pans de murs dans les jardins aménagés entre le cours Clemenceau et la rue du Jeudi.

Tour du Plénître (Photo : Nicolas Fediaevsky)

 

Extrait de Alençon de A à Z (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2008).