Guillaume I (seigneur d'Alençon)
Guillaume Ier, seigneur de Bellême, né vers 965, est le fils d'Yves de Bellême et de Godehilde. Il succède à son père vers 1009 et il est entièrement dévoué au roi Robert II. Vers 1003, lorsque le roi se rend dans le midi pour épouser Constance d'Arles, c'est Guillaume qui mène la principale partie de l'armée et, vers 1027, lors de la révolte du fils du souverain, c'est lui qui se lance à sa poursuite et qui le capture.
L'œuvre de Guillaume est considérable au double point de vue militaire et religieux.
Ingénieur militaire remarquable, il entreprend l'organisation de ses domaines et poursuit les travaux de fortification commencés du vivant de son père. Il construit les châteaux de Bellême, de Domfront, de Mamers, etc.
Au point de religieux, il fonde la première église Saint-Léonard d'Alençon, la collégiale de Saint-Léonard de Bellême, l'église Notre-Dame-sur-l'Eau, etc. Il reconstitue le domaine temporel des évêques de Sées et le comte de Normandie Richard II lui donne le droit de présenter un candidat à l'évêché en cas de vacance du siège épiscopal.
Guillaume accorde aux habitants d'Alençon le droit de jouir de certains privilèges, moyennant une rente modique, appelé "droit de bourgeoisie". Le seigneur de Bellême semble avoir apporté tous ses soins à l'aménagement d'Alençon. Un pont de bois est jeté sur le gué traversant la Sarthe permettant ainsi la communication avec la rive gauche dépendant du Maine. L'importance stratégique capitale du pont et du gué, incite Guillaume à protéger ce point. C'est ainsi qu'il fortifie, sur le site actuel de la place du Bas-de-Montsort, un poste de gué appelé le "Boulevard". Sur la rive opposée, il enserre l'agglomération d'une enceinte et renforce le premier château, peut-être commencé par son père, pour arrêter les Angevins et les Manceaux.
Les dernières années de Guillaume sont troublées par les guerres. En 1028, il refuge l'hommage au nouveau comte de Normandie, Robert II, frère de Richard III qui avait succédé à leur père Richard II. Robert s'était révolté contre son frère mais Richard III, avec l'aide de Guillaume, le fit rentrer dans le rang. Peu de temps après, Richard III et plusieurs de ses proches périrent empoisonnés, probablement à l'instigation de Robert qui hérita du titre comtal. L'année suivante, Robert II vient assiéger Alençon. Malgré une défense énergique, Guillaume doit capituler. Furieux de la résistance qu'il avait éprouvée, Robert le condamne à se laisser chevaucher publiquement par lui, une selle sur les épaules, en chemise et pieds nus. Satisfait de cette vengeance, le comte normand restitue Alençon à Guillaume avec qui il conclut un traité qu'il s'empresse de violer en refusant de donner la main d'une de ses sœurs à l'un des fils de Guillaume comme il s'y était engagé. Se considérant délié du traité, ce dernier organise des raids menés par ses fils Foulques et Robert. En 1031, au cours d'une bataille dans la forêt de Blavou, près de Pervenchères, Robert est blessé et Foulques est tué. Malade et affaibli par l'âge, Guillaume ne résiste pas à cette épreuve et meurt, peut-être dans son château de Domfront, vers 1031.
L'illustration provient des Archives départementales de l'Orne (31 J 10).