Saint-Léonard (église)

L'église Saint-Léonard tire son nom de l'ermite saint Léonard de Vandœuvre. Ce dernier, né à la fin du Ve siècle, quitte sa famille pour servir Dieu et s'installe dans un lieu-dit nommé Vandœuvre, à Saint-Léonard-des-Bois, où il vit dans l'austérité pendant plusieurs années. Rejoint par quelques disciples, il construit un monastère protégé par le roi Clotaire. Les reliques de saint Léonard, décédé en 570, sont transportées en 868 à Corbigny par les moines de Vandœuvre pour les préserver des Normands. Une partie de celles-ci fut sans doute restituée vers 1025 grâce au deuxième seigneur d'Alençon, Guillaume Ier, et déposée dans une ancienne chapelle dédiée à saint Martin située sur l'emplacement de l'actuelle église Saint-Léonard. Ce saint est souvent invoqué pour guérir la surdité.

Une première église Saint-Léonard, attestée entre 1160 et 1182, était probablement bâtie tout près de l'oratoire Saint-Martin. Celle-ci disparaît vers le milieu du XIIIe siècle dans des circonstances oubliées, mais la vie paroissiale demeure concentrée dans la chapelle jusqu'à la fin du XVe siècle.

C'est sur cette dernière qu'est élevée l'actuelle église, de style ogival tertiaire et à l'intérieur en gothique flamboyant, par le duc René d'Alençon et son épouse Marguerite de Lorraine. L'essentiel des travaux s'échelonne de 1490 à 1505 et c'est cette même année que l'édifice est placé sous le vocable de saint Léonard de Noblac, personnage alors plus en vogue que saint Léonard de Vandœuvre.

Sur les vitraux de l'une des onze chapelles latérales, qui fut pendant un certain temps dédiée à Louis IX, ancêtre des comtes et des ducs alençonnais, et sur les murs, figuraient les armoiries des maisons d'Alençon et de Lorraine, aujourd'hui disparues. C'est dans cette chapelle que la duchesse et le duc assistaient à l'office et dans laquelle on avait construit pour eux une cheminée qui n'existe plus. Après la mort de René, son cœur est déposé dans une boîte de plomb, elle-même en forme de coeur, recouverte d'une pierre. Lorsque vers 1510, le cœur de René est transféré dans l'église Saint-François de Mortagne, la boîte vide est laissée dans son caveau. En 1776, la pierre, qui porte aussi l'empreinte d'un cœur, est retirée, puis remise à sa place, et cette empreinte, effacée par le frottement des pieds, n'existe plus que dans le souvenir. En 1562, l'église est pillée par les protestants. À Pâques 1645, la voûte en granit de Hertré s'écroule. Remplacée par un simple berceau de plâtre, ce n'est qu'en 1836 qu'est construite une nouvelle voûte de style gothique. La porte principale est aménagée en 1663 et l'horloge est posée en 1727. Jusqu'en 1789, cette église dépendra de Notre-Dame et ne possédera pas de fonts baptismaux. L'autel et la chaire en bois sculpté, deux consoles latérales et quelques vitraux modernes pour la plupart, méritent l'attention du touriste. L'église Saint-Léonard, restaurée aux XVIIe-XVIIIe siècles, puis entièrement remise à neuf au XIXe siècle par l'architecte Isidore Dédaux, est classée parmi les monuments historiques.

 

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).