René (duc d'Alençon)
Fils de Jean IV et de Marie d'Armagnac, le duc René (1483/1492) est né en 1440. En 1458, il reçoit le comté du Perche lors de la confiscation des biens de son père et se désolidarise de celui-ci pendant les troubles du Bien public durant lesquels il préfère servir Louis XI. Toutefois, lorsqu'en 1467, le duc de Bretagne forme une coalition contre Louis XI avec Jean IV, René, qui garde le château d'Alençon, laisse entrer une armée bretonne. La ville est assiégée par les troupes royales qui finissent par chasser les Bretons. Le souverain en gardera rancune à René. En 1469, lorsqu'il fonde l'ordre de Saint-Michel, il en écarte le comte du Perche, puis l'oblige, en 1471, à céder sa vicomté de Beaumont à son fils, le futur Charles VIII. Malgré ces vexations, René demeure attaché au roi pendant les négociations de son père avec les Anglais en 1472.
Après la condamnation de Jean IV, il réclame au roi son héritage. En 1475, Louis XI ne lui donne que les revenus de quelques terres. Le souverain garde l'essentiel du duché avec les places de Fresnay, de Sainte-Suzanne, de Château-Gontier et de Pouancé. Mécontent, le comte du Perche fait valoir qu'il n'est pas responsable de la conduite de son père et dresse des plans contre Louis XI qui le poursuit de tracasseries. En 1480, le souverain est frappé d'une attaque d'apoplexie. René laisse échapper quelques mots peu aimables rapportés à Louis XI qui en est fort courroucé et le comte du Perche décide de se rendre en Bretagne où les féodaux reprennent la lutte contre le roi. Mais celui-ci le fait incarcérer à Chinon où il est enfermé douze semaines dans une cage de fer suite à une tentative d'évasion. Les interrogatoires et les confrontations n'apportent pas la preuve que René eut l'intention de s'allier au duc de Bretagne et font apparaître que les crimes qui lui sont imputés ne sont, finalement, que d'avoir tenu des propos acerbes contre le souverain. Louis XI enrage en prenant connaissance de la minceur de l'accusation et il se livre à toutes sortes de manœuvres pour l'aggraver. Finalement, le crime de lèse-majesté n'est pas retenu et René est simplement condamné à demander pardon au roi . Ce désaveu cinglant n'est pas accepté par le souverain qui met des garnisons dans tous les châteaux de René maintenu en prison.
Après la mort de Louis XI, Charles VIII libère son cousin et lui restitue le duché. René prend alors le titre de duc d'Alençon. En 1484, la commune d'Alençon, rétablie par Louis XI en 1473, est supprimée. Tirant les leçons des malheurs de son père, René refuse de participer à la révolte des Grands, appelée la Guerre Folle, en 1485-1488, contre le gouvernement d'Anne de Beaujeu. En 1488, il épouse Marguerite de Lorraine, la sœur de son ami René de Lorraine. Il ne paraît alors plus que très rarement à la Cour, préférant s'occuper de l'administration de ses domaines, acquitter ses dettes et faire tout son possible pour réparer les malheurs causés par son père. Il accorde aux Alençonnais le droit de franc-alleu et de franc-bourgage, c'est-à-dire la détention de la terre en pleine propriété et l'exonération de servitudes, pour les récompenser d'avoir chassé les Anglais de leur ville ; fait commencer la reconstruction de l'église Saint-Léonard sur l'emplacement d'une chapelle dédiée à saint Martin ; etc.
En 1492, le duc d'Alençon tombe malade et s'éteint à l'âge de 52 ans. Inhumé dans l'église Notre-Dame, son mausolée en albâtre - détruit pendant la Révolution- que lui fit élever Marguerite de Lorraine, était très beau. René Herval écrit qu'il "comportait une base rectangulaire décorée d'une vingtaine de statuettes dorées placées dans de petites niches. Sur la table étaient étendus les gisants de René d'Alençon et de la duchesse, les mains jointes et le front dominé par un dais où se jouaient des angelots. Les pieds du duc, qui était armé sous sa longue houppelande, reposaient sur le lion traditionnel [...]". Autour du mausolée, sur la tranche biseautée de la table de marbre, courait cette inscription : "Ci-gît tres haut et très puissant prince, monseigneur René, duc d'Alençon, per de France, comte du Perche, et vicomte de Beaumont, qui décéda l'an de grace mil quatre cens quatre-vingt-douze, le premier jour de novembre". Son cœur fut déposé dans l'église Saint-Léonard, puis transféré en 1505 dans un caveau de l'église Saint-François de Mortagne (hôpital actuel).