Jean IV (duc d'Alençon)
Jean IV, souvent appelé Jean II, est né à 'Argentan en 1409. Âgé de 6 ans, il succède à son père tué à Azincourt, pendant la guerre de Cent Ans. Fait prisonnier à la bataille de Verneuil en 1424, il n'est rendu à la liberté que trois ans plus tard. Après sa libération, il expose au roi Charles VII toutes les pertes qu'il a subies pour son service et le souverain lui promet une récompense, promesse non tenue qui sera un sujet de mécontentement pour le duc. En 1429, il est mis au service de Jeanne d'Arc dont il se montre un des plus ardents partisans. En 1432, Charles VII destitue le duc de son poste de lieutenant général. Très blessé par cette nouvelle injustice, il continue cependant de s'employer au service du roi. Toutefois en 1440, lassé d'attendre les récompenses qu'il croit lui être dues, Jean IV s'allie avec le duc de Bourbon pour s'opposer à Charles VII.
En 1449, au terme de trente-deux ans de luttes, le duc libère sa ville de l'occupation anglaise. Après la libération d'Alençon, Jean attend toujours vainement l'heure des récompenses. Déchiré entre son sens de l'honneur, lui demandant de rester fidèle a son roi, et le sentiment d'iniquité qu'il ressent profondément, il se laisse emporter par une idée de revanche. Il contacte les Anglais qui lui promettent tout ce qu'il veut. Mais un des messagers trahit le seigneur alençonnais et porte à Charles VII une missive destinée aux Anglais. Arrêté en 1456, Jean est condamné à mort en 1458 (illustration de droite). Cependant, l'exécution de la sentence est laissée au bon plaisir royal et il est incarcéré jusqu'au décès de Charles VII.
Jean est grâcié en 1461 par Louis XI. Malgré tout, le duc d'Alençon persiste dans ses intrigues et fait partie, en 1465, de la ligue du "Bien public" formée par les grands féodaux contre le souverain. Jean IV est arrêté en 1472 et il est de nouveau condamné à mort en 1474. Toutefois, le roi lui fait grâce de la vie, mais le duc reste prisonnier jusqu'à son décès qui survient en 1476.
Esprit chevaleresque, Jean IV fut fidèle à son roi jusqu'en 1440, mais son humeur jalouse et vindicative l'a amené à la trahison à deux reprises et à deux condamnations à mort commuées en détention perpétuelle. Son destin n'est-il pas quelque peu comparable à celui du maréchal Pétain ?
Que commémore donc le nom de la rue qui lui est consacrée depuis 1966 ?
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).