Notre-Dame (basilique)
C'est en 1356 que le comte d'Alençon Charles III fait commencer la construction de l'église Notre-Dame située dans la Grande-Rue. Interrompus par l'occupation anglaise de 1417 à 1449, les travaux reprennent vers 1470 pour s'achever vers 1518. La voûte de la nef offre un entrecroisement d'arceaux qui se coupent en tous sens. Le portail, de style gothique flamboyant, a été achevé vers 1510. Un ensemble de figures représente la Transfiguration, le Christ, les prophètes Moïse et Élie et les apôtres Pierre, Jacques et Jean. Ce portail est sans doute la partie la plus digne d'admiration et un dicton affirme que :
"L'église est faite de telle sorte,
Que pour mettre le Bon Dieu
Au plus bel endroit du lieu,
Il faudrait le mettre à la porte."
L'essentiel des verrières est réalisé au XVIe siècle et la chaire, qui est de 1536, à laquelle on accède par un escalier pratiqué à l'intérieur d'un pilier, aurait été taillée par un condamné à mort qui aurait été grâcié pour ce travail. Les orgues sont inaugurées en 1540. En 1562, l'église est saccagée par les protestants. Dans le groupe de statues figurant au-dessus du portail, celle de saint Jean tourne le dos aux spectateurs. La légende dit que lorsque les huguenots voulurent renverser les sculptures, à peine eurent-ils touché celle de l'apôtre que celle-ci se retourna d'indignation et que les réformés, effrayés, s'enfuirent. En réalité, si saint Jean, aux pieds du Christ, tourne effectivement le dos au public, c'est que l'artiste a voulu le représenter contemplant Jésus et que cette position est la plus naturelle. Cette étrange particularité est peut-être unique dans la statuaire chrétienne.
En 1744, la foudre détruit le clocher en bois, fait fondre les cloches, incendie le chœur, endommage la voûte de la nef et ravage une chapelle. Le clocher actuel, construction massive qui contraste avec le reste de l'édifice, est rebâti par Jean Perronet, ingénieur des Ponts et chaussées. Le chœur, l'arrière-chœur et les transepts sont construits entre 1745 et 1762. En 1746, l'intendant Louis Lallemant commande un autel de marbre blanc en forme de tombeau ainsi que des fonts baptismaux pour remplacer ces éléments détruits par l'incendie de 1744. L'abat-voix et le dossier de la chaire sont installés en 1765. En 1786, le portail est muni d'une grille qui sera enlevée en 1792 pour fabriquer des piques. En 1789 que l'assemblée des trois ordres du bailliage d'Alençon se réunit dans l'église pour procéder à la rédaction des cahiers de doléances. En 1792, l'édifice est dévasté par les révolutionnaires et le mausolée du duc René est détruit. Incendiée une nouvelle fois par la foudre en 1808, l'église est restaurée puis classée parmi les monuments historiques et devient la propriété de la Ville en vertu de la loi sur la séparation des Églises et de l'État. Pendant la guerre de 1870-1871, le monument est atteint par plusieurs obus. Thérèse Martin, future sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, y est baptisée en 1873. Endommagé au cours d'un bombardement en 1944, il est alors procédé à quelques réparations. Débutés en 1982, des travaux de réhabilitation devraient s'achever vers 2010.
L'église Notre-Dame, qui n'est pas une cathédrale comme on l'écrit quelquefois, est placée sous le patronage de Marie, la mère du Christ, qui fait l'objet de légendes douteuses. Née vers 16 avant son fils, elle est fiancée à Joseph, un charpentier, âgé de 81 ans, quand l'ange Gabriel vient lui annoncer qu'elle sera la mère de Jésus. Le dogme catholique de l'immaculée conception veut qu'elle ait été conçue pure de tout péché originel et que Jésus soit, non pas le fils de Joseph, mais celui de l'Esprit-Saint, c'est-à-dire de Dieu lui-même. Joseph, la voyant enceinte, envisage de la répudier, mais il est averti divinement de la naissance miraculeuse de Jésus, et accepte d'être son père aux yeux des hommes. Un recensement oblige Marie et Joseph à se rendre à Bethléem où Jésus voit le jour. La famille s'installe ensuite à Nazareth et nous ne savons rien de Marie jusqu'à la crucifixion. Après la mort du Christ, Marie aide les apôtres à constituer l'Église chrétienne et elle serait décédée le 14 août 57 à Éphèse (Turquie) ou à Jérusalem. Les chrétiens pensent qu'elle est le seul être humain a avoir été exempt du péché originel dès sa conception : c'est le dogme de l'Immaculée Conception défini par Pie IX en 1854. Cette croyance était considérée comme douteuse au Moyen Âge, notamment par les dominicains et saint Thomas d'Aquin. Le dogme de l'Assomption, la montée au ciel de Marie, fut défini par Pie XII en 1950. La mère du Christ, que les catholiques estiment être restée vierge même après la naissance de Jésus, est la patronne de toute l'espèce humaine. Une centaine de saintes portent le nom de Marie.
C'est en juin 2009 que l'église Notre-Dame est élevée au rang de basilique.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).