Gaulle (Charles de)

Charles de Gaulle est venu à Alençon quatre fois : le 10 juin 1945, le 10 août 1947, le 7 juin 1950 et le 7 juillet 1960.

10 juin 1945

En 1945, au cours d'un voyage en Normandie pour les fêtes du premier anniversaire du Débarquement, le général de Gaulle s'arrête à Alençon le 10 juin. À 21 heures, le cortège officiel arrive place de la Pyramide [place de-Gaulle depuis 1947] où la foule est énorme. Le maire, Charles Chesneaux, souhaite la bienvenue au général qui, après la Marseillaise, dépose une gerbe au monument aux Morts. Les personnalités se rendent ensuite à la préfecture au milieu des acclamations. Après l'accueil préfectoral, une réception est prévue à l'hôtel de ville où, malgré l'heure tardive, le cortège se rend à pied au milieu d'une véritable mer humaine. Le général paraît au balcon et le maire d'Alençon prononce un discours auquel Charles de Gaulle répond par un autre axé principalement sur la reconstruction. Puis ce dernier entonne La Marseillaise, reprise par les Alençonnais. À la fin de celle-ci, le général s'écrie "Vive la France ! Vive la République ! Vive Alençon !" À quoi la foule réplique "Vive de Gaulle !" Ce dernier signe ensuite le livre d'or de la Ville et Charles Chesneaux lui remet une magnifique pièce en Point d'Alençon. Le cortège quitte alors l'hôtel de ville pour la préfecture où est servi un repas d'une trentaine de couverts et c'est à 23 heures 30 que le général reprend la route de Paris.

10 août 1947

À l'occasion du troisième anniversaire de sa libération, Alençon reçoit les généraux Leclerc et de Gaulle. Ce dernier arrive plus tard que le libérateur de la ville et, lorsque sa voiture apparaît au bas de la place Foch, une clameur de 25 000 personnes accueille le premier résistant de France. À l'entrée de la mairie, le général découvre une plaque à la mémoire des employés municipaux morts pour la France. Il dépose ensuite une croix de Lorraine faite de roses, puis Charles Chesneaux lui souhaite la bienvenue ainsi qu'au général Leclerc. Le général de Gaulle pénètre alors dans la mairie, suivi des autorités, et se présente au balcon, d'où il prononce un discours en appelant à l'union nationale. À la fin de celui-ci, la foule s'écrie "Vive de Gaulle !", et surtout "Vive Leclerc ! " Il faut, à ce sujet, citer une anecdote : dans son ouvrage Le général Leclerc, le général Vézinet raconte que le lïbérateur d'Alençon s'excusa auprès du général de Gaulle qui paraissait agacé d'obtenir moins d'ovations que lui. Après La Marseillaise, le cortège gagne Notre-Dame où un Te Deum est célébré. À l'issue de cette cérémonie, le général se rend à la préfecture. Debout, il salue la foule qui l'acclame frénétiquement. Une réception a été organisée et un vin d'honneur est servi dans la salle du conseil général. Ensuite, Charles de Gaulle se rend dans les jardins de la préfecture où différentes délégations lui sont présentées. Il serre de nombreuses mains, reconnaît des amis, des résistants, des familles de déportés. Enfin, il quitte Alençon au milieu des acclamations qui l'accompagnent jusqu'à la sortie de la ville, en direction de Mamers.

 

7 juin 1950

Cette troisième visite, contrairement aux deux précédentes, n'est pas commémorative, mais politique. Le général de Gaulle vient à Alençon pour s'entretenir avec les maires, les conseillers généraux et les cadres ornais du Rassemblement du peuple français qu'il a constitué en 1947. Il arrive peu après 16 heures à l'usine d'imprégnation, route de Sées, où les dirigeants départementaux ont organisé la réunion. Le général se rend immédiatement dans les bureaux de l'établissement où il expose le point de vue de son parti, puis répond aux questions. Il annonce ensuite que M. Louis Terrenoire, député de l'Orne, siègera au comité directeur. Charles de Gaulle gagne ensuite un autre bâtiment de l'usine où il s'entretien uniquement avec les maires. Puis, il se rend dans le hangar de la scierie, où 2 000 personnes environ sont rassemblées, et prend place sur une estrade. Calmement, et écouté dans le plus grand silence, le général développe les grandes lignes du R.P.F., parlant surtout de la réforme du régime politique et social de la France. Puis, revenant sur son passage à la présidence provisoire de la République, il expose les raisons qui l'ont freiné dans ses aspirations de rénover nos institutions. Ensuite le général passe en revue les moyens qui mettront le R.P.F. à la tête du pays. À son avis, le seul de ces moyens est celui des élections populaires. Il félicite ses amis d'être venus si nombreux et il les prie d'avoir confiance en lui comme il a confiance en eux, et par dessus tout, confiance en la France. L'assistance applaudit longuement le discours du général, lequel, pour clôturer cette réunion, entonne La Marseillaise, accompagné par la foule. Enfin, il regagne sa voiture et prend la route de Mayenne, où il doit présider une réunion semblable à celle d'Alençon.

7 juillet 1960

C'est vers 18 heures, que le général de Gaulle arrive à Alençon sur la place qui porte son nom depuis 1947 et où il s'incline devant le monument aux Morts. Il visite ensuite l'usine Moulinex où il s'entretient avec les ouvriers et les dirigeants à qui il déclare : "Le témoignage de vos activités que j'ai trouvé ici me donne l'impression la plus réconfortante sur l'avenir de notre pays". Sur la place Foch, envahie par des milliers d'Alençonnais, il prononce un discours dans lequel le problème de l'Algérie tient la plus large place. À la mairie, le Président de la République reçoit des mains du maire d'Alençon, Hubert Mutricy, un écrin qui renferme un napperon en fine dentelle aux armes de la Ville, exécuté par les ouvrières de l'école dentellière. Enfin, à la préfecture, Charles de Gaulle s'entretient pendant une heure avec trois cents maires du département, avant de quitter Alençon.

 

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).