Résistance

En 1943, lorsque les troupes allemandes se désorganisent sur le front de l'Est, l'Occupation change d'hommes et de style avec l'arrivée des S.S., de la milice de Vichy et des collaborateurs. C'est le temps durant lequel le travail clandestin de la Résistance, qui commença à s'affirmer vers le mois de juin 1941, bat son plein et où les Allemands amplifient la chasse à l'homme. La Gestapo opère sans cesse et le château voit passer de nombreux résistants destinés aux pelotons d'exécution et aux camps d'extermination.

Mouvement spontané à l'origine, la Résistance s'organise et différentes structures sont mises en place à partir de décembre 1942. Les activités de ces réseaux sont multiples : renseignements sur l'implantation et l'effectif des troupes allemandes, des aérodromes, des états-majors, de la localisation de leurs dépôts de carburant et de munitions, etc., d'une part, et, d'autre part, diffusion de journaux clandestins, constitution de stocks d'armes, fabrication de faux documents, évasions, parachutages, mises à l'abri de parachutistes et de réfractaires, sabotages, etc.

La cellule alençonnaise du réseau Hector a pour chef Édouard Mars. Le réseau Confrérie Notre-Dame est implantée avec Marcel Hébert. Le réseau Manipule est représenté par Marcel Mezen, etc. À ces réseaux de renseignements il faut ajouter les filières d'évasion, notamment celle d'Albert Terrier, propriétaire d'une scierie à Courteille. Le sabotage de l'application des directives imposées par les Allemands et par le régime de Vichy est le rôle de la "Résistance administrative". À la préfecture, Marcel Palmier organise des cachettes pour les réfractaires du Service du Travail obligatoire. M. Fourmond, chef du service municipal des cartes de rationnement, rend de grands services aux clandestins. Le service du Génie rural est une pépinière de résistants autour de son directeur, Joseph Onfray, et de son secrétaire, André Loth. Le secteur d'Alençon de l'Organisation civile et militaire est dirigé par Daniel Desmeulles qui, après son arrestation est remplacé par André Mazeline. François Bouilhac est responsable de quatre-vingts combattants intégrés aux Forces françaises de l'intérieur qui ne doivent passer à l'action qu'à l'annonce du Débarquement afin de le favoriser par tous les moyens possibles comme les coupures de routes par abattages d'arbres, destruction de panneaux de signalisation, poses de crève pneus, sabotage de voies ferrées, de lignes à haute tension et de lignes téléphoniques, poses de mines, etc. Arrêté, il est remplacé par son fils Jean.

L'ennemi, harcelé, réagit. La Gestapo, dirigée par le nazi Richard Reinhardt, renforcée par des miliciens et d'autres collaborateurs français, dont le sinistrement célèbre Bernard Jardin, parvient à s'emparer de plusieurs chefs. Aux arrestations, succèdent les tortures. Mais au fur et à mesure que les résistants tombent, leurs rangs se reforment.

La Résistance alençonnaise peut être fière de son engagement et de son action payés par un douloureux tribut d'arrestations, d'incarcérations, de tortures, d'exécutions sommaires et de la déportation de quatre-vingt-huit Alençonnais, dont quarante sont décédés dans les camps de concentration.

 

Extrait de La Seconde Guerre mondiale à Alençon (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2007).