Occupation allemande

Depuis la fin mai 1940, les Alençonnais voient passer des files de réfugiés belges, hollandais et français. Une vingtaine de centres d'accueil sont installés. Au total, deux millions de réfugiés transiteront par Alençon. Le 14 juin, Alençon est bombardée par une escadrille allemande. Beaucoup d'Alençonnais quittent la ville le lendemain. Le gaz et l'électricité sont coupés.

Le conseil municipal se réunit le dimanche 16 juin. Le maire Charles Chesneaux, expose que l'avance allemande entraîne de lourdes charges pour la Ville qui a assumé l'hébergement et le ravitaillement des réfugiés. Il signale la désorganisation de la police municipale, le départ des banques, de la gendarmerie, etc.

Le préfet, Marcel Amade, ordonne aux commerçants de maintenir leurs établissements ouverts pour le ravitaillement. Quant à lui, il juge bon de quitter la ville. Charles Chesneaux prend alors la décision de rester à son poste et reste donc la seule autorité civile locale ayant qualité pour faire face aux événements. Le lundi 17, la foule pille les magasins et les maisons inoccupées.

Partie de la région de L'Aigle et de Verneuil, le matin de ce lundi, l'armée allemande arrive à Alençon, le même jour vers 11 heures. La ville est, pour les Allemands, un des principaux centres de communication et de ravitaillement de la région. La Feldkommandantur s'installe dans l'hôtel du Grand-Cerf. Le lendemain, les Allemands interrogent longuement Charles Chesneaux sur les ressources de la ville.

C'est alors le temps du couvre-feu, des tickets de rationnement et des contrôles permanents. Il n'y a presque rien à vendre. Le ravitaillement en légumes est très difficile et le marché est dégarni. Les loisirs sont rares. Il faut faire une heure de queue aux cinémas dont les informations ne relatent que les succès allemands. Les journaux clandestins font leur apparition.

Les mois passent sans que les Alençonnais ne subissent outre mesure le rigorisme des Allemands qui défilent matin et soir en se rendant à l'exercice place Foch. Néanmoins, quelques conflits surviennent entre les autorités municipales et allemandes, mais Charles Chesneaux fait preuve de beaucoup d'intelligence et de psychologie pour éviter l'escalade. Les Allemands eux-mêmes le reconnaissent.

Le 7 septembre 1942, 1 127 hommes partent pour le Service du travail obligatoire en Allemagne, tandis que le 18, quinze prisonniers de guerre alençonnais sont de retour. Les autorités allemandes demandent que, dans le cadre de la défense passive, des tranchées-abris soient creusées en différents points de la ville.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les sirènes hurlent un commencement d'alerte dont les Alençonnais attendent vainement toute la nuit une fin qui ne vient pas. Le débarquement des troupes alliées est confirmé au matin. Les Allemands déménagent précipitamment leurs archives. Après plusieurs bombardements, la cité se vide de sa population. Les distributions de l'électricité et de l'eau sont réduites. Un couvre-feu est imposé. Les informations parviennent mal. Alençon est une ville presque morte. Pendant deux mois, la cité vit dans une atmosphère de canonnade perpétuelle dans le lointain, de passages d'avions et de combats aériens, de défilés de motos, d'automobiles, de camions et de chars allemands, de mitraillages et de bombardements écrasant les maisons et ensevelissant les civils sous les décombres, faisant de nombreux blessés et environ cent trente tués.

Début août, les Allemands partent en débandade, a bicyclette ou à pied. Le 11, les officiers qui restent font un dernier acte d'autorité en ordonnant un couvre-feu afin que les Alençonnais ne contemplent pas leur déroute et pour faciliter leur départ qui est effectif à 23 heures.