Hébert (Marcel)

Marcel Hébert est né à Paris le 3 avril 1894. Sorti Ingénieur de l'École nationale des Arts et Métiers de Châlons en 1913, il est mobilisé l'année suivante au 13e régiment d'infanterie, puis affecté dans une compagnie de transport-auto. Au cours de l'hiver 1914, il est affecté dans l'artillerie antiaérienne. Muté à la 12e section d'auto-canons , il est nommé sous-lieutenant en 1917. À sa demande, il rejoint l'aviation comme élève-pilote et, breveté en 1918, il part à l'escadrille SPAD se spécialisant dans le vol à basse altitude. Le 9 août, les mitrailleuses allemandes abattent Marcel Hébert qui est gravement blessé.

Démobilisé, Marcel Hébert entre dans l'aviation civile comme commandant en second du port aérien du Bourget, puis devient chef du port aérien de Lyon et enfin d'Orly. Quittant l'aviation civile, il s'occupe ensuite de représentation industrielle dans le Nord alors en pleine reconstruction. En 1923, il fonde un garage à Houdan (Yvelines) et six années plus tard, il s'installe à Alençon dans la même profession, rue Saint-Blaise près de la place de la Pyramide. En 1930, il participe à la création de l'aéro-club de l'Orne dont il deviendra le président.

Mobilisé en 1939, Marcel Hébert est affecté comme pilote d'avion à un État-major de l'armée de l'Air, puis regagne Alençon en août 1940 donnant immédiatement sa confiance au général Charles De Gaulle. il s'engage alors dans les Forces françaises libres et entre en Résistance dans le réseau Confrèrie Notre-Dame sous les ordres du colonel Rémy. Il est nommé chef de l'unité Combat-renseignements à Alençon en mai 1943 avec le grade de capitaine sous le pseudonyme de Simon Grivel. Soupçonné par la Gestapo, il est arrêté à son bureau le 20 janvier 1944. Emprisonné quelque temps à la caserne Bonet, il est interné à Fresnes, puis déporté à Neue-Brenn (Allemagne) et enfin à Buchenwald. Gravement malade, il est rapatrié le 22 avril 1945.

À son retour, Marcel Hébert est élu conseiller municipal, puis maire-adjoint et maire du 26 octobre 1947 au 22 mars 1959. Pendant ses deux mandats, il recevra les généraux Philippe Leclerc de Hauteclocque et Charles De Gaulle. C'est le moment de la reconstruction et de la modernisation du pays. Il donne le coup d'envoi de grands équipements : logements collectifs (Champ-Perrier, Courteille), eau et assainissement (usine des eaux et réservoirs de Courteille, tout-à-l'égout, station d'épuration de Guéramé), zone industrielle, écoles (Émile-Dupont, Jeanne-Géraud, Point du Jour), piscine qui portera son nom, centre horticole, square du Poilu... Il modernise l'éclairage public, crée des cours de musique gratuits, projette un aérodrome de classe C qui n'aboutit pas. Mais par ailleurs, il fait démolir le théâtre qui n'est pas reconstruit, il disperse, dans tout le département et au-delà, un nombre important de toiles de peinture du musée, il veut raser le quartier de Saint-Léonard et ne réussit pas à faire élever le monument du général Leclerc, faute de crédits. Une de ses phrases lui vaut beaucoup d'ennemis : "Pour l'amélioration de son habitat, il faudrait que l'ouvrier accepte de dépenser plus et de renoncer à son paquet de cigarettes et à son apéro". En 1948, au cours d'une prise d'armes sur la place Foch, Marcel Hébert est décoré de la Légion d'honneur, de la Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 ainsi que de la médaille de la Résistance pour "Services de guerre exceptionnels." Marcel Hébert comprend l'importance pour la ville d'être représentée au niveau national. Il devient le premier maire parlementaire en étant élu au Conseil de la République (actuel Sénat) en 1948, mais doit laisser sa place lors du renouvellement de 1952. Il reçoit les Palmes académiques en 1954 pour son action en faveur de l'enseignement, notamment pour la gratuité des manuels scolaires, et siège au conseil général de 1955 à 1961. Marcel Hébert se présente aux élections législatives de 1958 mais renonce au deuxième tour devant Louis Terrenoire qui est élu. L'année suivante, il cède sa concession Renault à la famille Chaussinant et abandonne toutes ses fonctions électives pour partager son temps entre Paris et Cannes, revenant quelquefois à Alençon suivre la construction de l'immeuble Clemenceau.

Homme d'action, d'autorité, de conviction et de lucidité qui marqua de son empreinte notre ville où son souvenir reste très vivant, Marcel Hébert, qui a sorti Alençon de sa léthargie, décède le 11 février 1973 à Paris (17e) à l'âge de 79 ans, d'un ulcère à l'estomac. Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Paul à Paris où il s'est marié et il est inhumé au cimetière de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

C'est en 1956, que Jean Hébert, son fils, mit au point la voiture à turbine française L'étoile filante. À son volant, il battra quatre records du monde de vitesse sur le lac Salé aux Etats-Unis.

 

Extrait de La Seconde Guerre mondiale à Alençon (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2007) et de Alençon de A à Z (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2008).