Champ-Perrier (place du)

Située dans le quartier de Montsort entre les rues du Pont-Neuf et Rœderer, la place du Champ-Perrier sert essentiellement de parking.

Le terrain de ce qui deviendra le Champ-Perrier est, à l'origine, entouré aux deux tiers par la Sarthe. Au XIe siècle, le faubourg de Montsort ne comprend qu'un petit nombre de maisons groupées autour de l'église, et le futur Champ-Perrier est, à cette époque, une prairie descendant jusqu'à la rivière. Après la guerre de Cent Ans, l'activité commerciale favorise le développement du faubourg qui s'étend vers Le Mans, délaissant ainsi la prairie. Au XVIIIe siècle, quelques constructions s'élèvent à l'ouest dans la rue du Pont-Neuf, puis le terrain est traversé cent ans plus tard dans sa partie est par le boulevard de la République

En 1907, le terrain appartient à André Romet et à Edmond Perrier qui a donné son nom à ce lieu, tous deux négociants. Après le décès de ce dernier, en 1927, ses héritiers vendent leurs parts à André Romet en 1937. En 1931, un plan prévoit l'assainissement du Champ-Perrier pour créer un nouveau quartier. L'aménagement d'un boulevard, avec aménagement de berges longeant la Sarthe, est prévu pour accéder directement à la gare des tramways (sur l'emplacement de la piscine Marcel-Hébert démolie en 2000), ainsi qu'une passerelle reliant le Plénître à la place de la Division-Leclerc, d'un groupe scolaire, etc. Ce projet restera sans suite. En 1936, le conseil municipal décide l'acquisition du terrain de M. Romet et des héritiers Perrier pour y établir un "jardin public dans lequel seraient aménagées des allées donnant accès aux piétons de la place de l'Isle [place du Cent-Troisième-Régiment-de-Ligne] au boulevard de la République". Ce projet, comme le précédent, ne sera pas réalisé. En 1941, le Gouvernement de Vichy préconise la création dans chaque ville d'un centre scolaire d'éducation physique. Au cours de la séance du conseil municipal du 21 février, le Champ-Perrier est proposé pour réaliser cette création. Mais André Romet, propriétaire du Gagne-Petit (sur l'emplacement de la galerie marchande du Pont-Neuf), ne tient pas à vendre son terrain sur lequel il voudrait voir construire des villas amenant ainsi vingt à vingt-cinq familles aisées à se fixer dans notre cité, d'où un intérêt évident pour le commerce [notamment le sien] et l'embellissement de la ville, par la mise en valeur de cet endroit qui sert depuis plusieurs années de dépotoir aux entrepreneurs de travaux publics, ce qui a d'ailleurs permis son nivellement partiel. Un des architectes est "persuadé que M. André Romet se berce d'un espoir difficilement réalisable à cause de l'état du sous-sol qui obligerait à des fondations très coûteuses jusqu'à la profondeur du lit de la rivière". Finalement, le conseil, dans sa séance du 23 décembre, décide de louer le terrain de M. Romet pour une durée de dix-huit ans. Mais M. Le Bail, directeur régional du commissariat général à l'Éducation générale et aux Sports, exprime ses regrets pour le temps perdu et signale que la Ville risque de perdre des subventions. À ce moment survient un nouvel obstacle : le délégué horticole du Secours national avise le conseil municipal de l'aménagement du terrain en jardins ouvriers pour le personnel du Gagne-Petit. Un conseiller qualifie cette circonstance de troublante. Au cours de la séance du 27 mars 1942, le maire, Charles Chesneaux, fait observer qu'ayant accepté, lors de sa nomination, de suivre les directives du maréchal Pétain, il invite le conseil à vouloir bien l'autoriser à acquérir le terrain de M. Romet. Mais ce dernier fait traîner l'affaire et ce n'est que le 16 septembre 1947 que l'acte de vente est signé, alors que les directives du Gouvernement de Vichy n'ont plus lieu d'être, et le Champ-Perrier reste un terrain vague qui sert de décharge. Néanmoins, les élèves du cours complémentaire Émile-Dupont y font de la culture physique jusqu'au 7 janvier 1960, date à laquelle le terrain est cédé gratuitement à l'office départemental d'H.L.M. de l'Orne qui y bâtit quatre tours et deux immeubles achevés en 1962.

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).