Boyville (hôtel de)
Au n° 8 de la rue des Filles-Notre-Dame se trouve un hôtel particulier en pierre blanche de Caen, appelé La Rotonde, qu'il serait plus pertinent de désigner sous le nom de son bâtisseur, Auguste de Boyville, qui l'a fait construire de 1846 à 1848 sur l'emplacement de plusieurs maisons, mais qu'il n'a jamais habité.
L'immeuble achevé, décoré par le peintre Achille Oudinot, différents cafetiers s'y succèderont jusque vers 1935. À sa mort, le 29 octobre 1854, Auguste de Boyville laisse comme héritier Jean Vacassy, son neveu, banquier, qui décède le 1er mai 1875 en léguant l'hôtel à son cousin Ignace Verbèque, avoué, et à ses fils Albert et Émile. Au lendemain du combat d'Alençon du 15 janvier 1871, le grand-duc de Mecklembourg fait de l'hôtel de Boyville, son quartier général. C'est aux environs de 1897 qu'apparaît la dénomination Café de la Rotonde, dénomination inspirée par la halle aux blés. Le 26 décembre 1898, les frères Verbèque vendent l'édifice à Furcitte Dumoutiers qui décède le 31 août 1914, le laissant à sa fille qui, elle-même, à sa mort survenue le 7 mai 1918, le transmet à son fils, Eugène Fontaine. Le 14 mai 1921, ce dernier vend le bâtiment à Robert Racine, lequel, à son tour le cède à Antoine Golliardon et à Louis Garchey le 16 novembre 1935. Converti en hôtel pour voyageurs, siège de l'Ortskommandantur pendant l'Occupation, il est acquis le 4 septembre 1957 par Électricité de France, puis par le District urbain de l'agglomération alençonnaise, le 16 juin 1991, pour en faire une annexe de l'hôtel de ville.
Toutes ces affectations ne concernent que la partie centrale de l'immeuble. En effet, les deux parties latérales eurent une destination différente. L'aile gauche, quand on regarde le bâtiment, divisée en deux, est d'abord occupée, en 1849, par un marchand de nouveautés et une mercière. En 1853, la totalité de l'aile est attribuée à une lingère à qui succède l'année suivante, une autre mercière. En 1872, le magasin est transformé en appartements. De nouveau affectée à un commerce avec l'installation d'une modiste de 1876 à 1881, l'aile, est pour la seconde fois, divisée en deux parties. À l'angle de la rue du Collège, vers 1889, s'établit un horloger ; en 1896, un relieur ; en 1904, un lithographe ; en 1911, un maître d'hôtel ; et le Journal d'Alençon en 1913. À côté, vers 1891, un cabinet de lecture est aménagé ; en 1896, la maison Lemaître met en place un bureau de location de voitures ; une mercerie ouverte autour de 1906 est remaniée en appartements en 1909. C'est aux environs de 1921 que l'aile gauche est réunie au café.
La partie droite est primitivement concédée en 1849 à un vendeur d'articles de fantaisie remplacé en 1853 par une marchande d'instruments de musique ; agencée en appartements, s'y installent divers particuliers, dont Auguste Poulet-Malassis en 1855, jusqu'à son intégration au café de la Rotonde aux alentours de 1927. Depuis sa construction, l'hôtel de Boyville n'a pas changé d'aspect, exception faite de la consternante démolition du fronton nécessaire à l'édification d'un troisième étage dont le style rompt son harmonie. La façade a fait l'objet d'une restauration en 2002.
À l'angle formé avec la rue du Collège, on distingue encore l'emplacement d'une ancienne fontaine surmontée de motifs décoratifs.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).