Poulet-Malassis (Auguste)
Auguste Poulet-Malassis, issu d'une famille travaillant dans l'imprimerie, est né le 16 mars 1825 rue aux Sieurs. Il fait ses études au collège de notre ville, puis à l'École des chartes. Homme de gauche libre, il lance avec quelques amis L'Aimable Foubourien qui paraît en juin 1848. Adhérant avec enthousiasme aux idées révolutionnaires, il prend part à l'insurrection de juin 1848. Arrêté, il est transféré sur les pontons de Brest jusqu'en décembre.
Après avoir fondé une librairie à Paris en 1855, le brevet d'imprimeur lui est accordé et il revient dans sa ville natale, où son père est mort, pour reprendre la maison familiale entre-temps dirigée par sa mère. Le 3 mars 1855, il succède à cette dernière et s'associe à Eugène Debroise, son beau-frère. Il va alors impulser une véritable renaissance de l'édition. Il se distinguera en publiant les œuvres des plus grands auteurs, en remettant en honneur les frontispices, les illustrations à l'eau forte, les fleurons, les lettres ornées et en restituant aux livres la mode des titres en rouge et noir.
Le Journal d'Alençon, dans lequel il traite des affaires politiques, est une tribune ouverte à l'expression de toutes les idées et les Alençonnais découvrent la littérature des amis d'Auguste Poulet-Malassis. Les fleurs du mal de Charles Baudelaire, édité le 25 juin 1857, fait l'objet d'un procès retentissant le 20 août suivant. Condamnés chacun à une amende pour outrage aux bonnes mœurs et immoralité, auteur et éditeurs doivent supprimer six pièces du recueil. Auguste Poulet-Malassis et Eugène Debroise éditent par ailleurs les Odes funambulesques de Théodore de Banville, les Poésies de Jean de Schelandre, Émaux et camées de Théophile Gautier, les Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs, seconde édition, de Joseph Odolant-Desnos, etc.
Le 14 juillet 1861, Auguste Poulet-Malassis laisse l'imprimerie à son beau-frère pour s'installer à Paris. Plusieurs fois condamné, ruiné, il est harcelé par ses créanciers. Ayant diffusé un pamphlet contre Napoléon III, il s'enfuit à Bruxelles. Il partage son activité entre la propagande anti-bonapartiste et l'édition de nouvelles œuvres de Charles Baudelaire et de Théophile Gautier, la réédition des Châtiments de Victor Hugo, etc. À la chute du Second Empire il rentre à Paris se livrant désormais à des travaux d'érudition et à la réimpression d'ouvrages rares.
Auguste Poulet-Malassis, le rénovateur de la typographie française, surnommé "Coco mal perché" par Charles Baudelaire, est décédé le 11 février 1878 à Paris.
La place Poulet-Malassis perpétue son souvenir depuis le 29 juin 1938.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).