Imprimerie

C'est au VIe siècle que les Chinois inventent l'imprimerie en gravant des caractères sur la pierre, puis sur le bois, qu'ils enduisent d'encre avant de les presser sur du papier. Vers 1440, à Strasbourg, Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, perfectionne l'imprimerie en inventant la composition typographique par l'association de caractères mobiles en plomb.

L'art de l'imprimerie apparaît à Paris en 1469 et à Lyon en 1473. Dans notre ville, il est introduit en 1529 par Simon Dubois, imprimeur parisien, qui s'installe dans l'une des maisons de la rue du Jeudi, face à la place du Palais. Alençon est alors la troisième ville normande, après Rouen et Caen, à posséder une imprimerie. Il est vraisemblable que la duchesse d'Alençon Marguerite d'Orléans, sœur de François Ier et future Marguerite de Navarre, ne fut pas étrangère à cette fondation. En 1530, Jehan Goëvrot, médecin de la duchesse, publie chez Simon Dubois Le sommaire de toute médecine et chirurgie. L'année suivante, l'imprimeur tire de ses presses Le miroir de l'âme pécheresse écrit par Marguerite.

À partir de 1534, l'imprimerie disparaît mais les protestants la relèvent en 1563 avec Joachim de Contrières. Après une nouvelle éclipse de 1568 à 1620, Louis Hébert crée un nouvel établissement qui survit avec ses successeurs Robert Méverel et Martin de La Motte. Ce dernier, en 1671, s'associe avec le libraire Jean Malassis : ensemble, ils fondent ce qui, deux siècles durant, s'appellera Les Impressions Alençonnaises. Jean Malassis aura de nombreux descendants qui exerceront le métier d'imprimeur.

En 1833, Augustin Poulet, fils de René Poulet et de Sophie Malassis, fille de Jean Zacharie, hérite de l'entreprise. En 1855, son fils Auguste Poulet-Malassis reprend la maison familiale, avec son beau-frère Eugène Debroise, après le décès de son père survenu le 25 mars 1850. Les Impressions Alençonnaises gagnent alors leurs titres de noblesse en publiant les œuvres des plus grands auteurs comme Les fleurs du mal de Charles Baudelaire, les Odes funambulesques de Théodore de Banville, Émaux et camées de Théophile Gautier, etc.

En 1897, l'abbé René Guérin installe, rue des Marcheries, l'imprimerie du journal qu'il a créé en 1895 sous le nom de L'Indépendant de l'Orne. En 1911, il cède son entreprise à un groupe d'ouvriers faisant place, en 1921, à la société anonyme l'Imprimerie alençonnaise. Celle-ci, en 1930, achète l'imprimerie de Georges Supot, un des successeurs d'Eugène Debroise et d'Auguste Poulet-Malassis. L'importance de l'Imprimerie alençonnaise, qui occupera le 40e rang en France sur les 7 665 entreprises du même genre, conduit les administrateurs, en 1968, à envisager sa décentralisation en zone industrielle et les locaux de la place Poulet-Malassis sont démolis en juillet 1969. Moulinex, les Musées nationaux, plusieurs grands éditeurs, etc., confient de gros marchés à la société qui emploiera jusqu'à 170 salariés. Celle-ci imprime des revues, des livres médicaux, scientifiques et scolaires, des romans, des factures, des dépliants publicitaires, etc. De 1968 à 1981, l'Imprimerie alençonnaise appartient au groupe Firmin-Didot et passe ensuite dans les mains de Jacques Bihel. Mais les difficultés économiques de la fin du siècle entraînent un premier redressement judiciaire en octobre 1998, suivi d'une lente agonie. Sa reprise par la société Morland, le 1er avril 1999, n'empêche pas un second redressement, le 23 septembre 2002. Le 15 janvier 2003, l'établissement, d'une vingtaine d'employés, est acquis par le groupe Allied Multimédia puis, l'Imprimerie alençonnaise, devenue Alençonnaise Impression, finira par déposer son bilan le 19 avril 2004 et fermera en juillet suivant, conséquence de la liquidation judiciaire du 29 juin, tournant ainsi une page de l'histoire industrielle d'Alençon dont l'imprimerie fut un élément majeur.

L'Imprimerie alençonnaise, place Poulet-Malassis (collection Yves Le Noach)

 

Extrait de Alençon de A à Z (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2008).