Mercier (Jacques)
Jacques Mercier est né en 1776 à Paris dans une famille originaire de Saint-Nicolas-des-Bois, près d'Alençon. Il prend en 1798, à la mort de son oncle Jacques Mercier, la direction de la fabrique du Point d'Alençon fondée par son père en 1760, puis ouvre une filature à vapeur de coton, de chanvre et d'étoupe qui est la première installation de ce type dans notre ville. Il est à l'origine de la construction de la halle aux blés et au lendemain du séjour de Napoléon Ier à Alençon, il obtient de ce dernier un décret autorisant la construction d'un palais de justice et l'installation d'un lycée pour deux cents pensionnaires. En 1820, il fait voter l'établissement du Champ-de-Foire, qui sera inscrit parmi les sites classés en 1933, sur l'ancien cimetière Saint-Blaise, puis vers 1825, il installe les premiers tissages mécaniques permettant ainsi à l'industrie toilière de se redresser. En 1828, il fait construire les élégantes maisons de commerce qui bordent la halle aux blés ainsi qu'un théâtre démoli en 1951. Enfin, vers 1830, il tente de ranimer la production de la manufacture de dentelle installée dans son château de Lonrai, en faisant appliquer, sans grand succès, du Point d'Alençon sur un tulle mécanique.
S'intéressant à la vie publique, il est nommé conseiller général en 1801 et il devient président du conseil en 1810. Révoqué en 1816, il redevient conseiller général en 1831, président du conseil de 1834 à 1839 et conseiller en 1839.
Sur le plan municipal, il est nommé conseiller en 1804. Appelé au poste de maire par l'empereur en 1808, il reçoit ce dernier en 1811. Le jour du départ de Napoléon, il invite les conseillers en espérant que les souverains "ne pourront voir dans cette démarche du conseil municipal qu'une nouvelle preuve du sincère et respectueux attachement qu'il leur porte". Pourtant, Jacques Mercier, fait baron du Premier Empire, ira offrir ses services à Louis XVIII, ancien duc d'Alençon, après l'abdication de Napoléon en 1814 à Fontainebleau. Quatre jours plus tard, les membres du conseil municipal "spontanément réunis sous la présidence de M. le baron Mercier, maire, [...] jurent amour, respect et fidélité inviolable" à Louis XVIII et il fait débaptiser les places Bonaparte (actuelle Foch) et Napoléon (actuelle Marguerite-de-Lorraine) pour leur substituer les noms de Bourbon et de Saint-Léonard. Après le retour de l'empereur, en 1815, les édiles municipaux avec Jacques Mercier à leur tête, jurent "obeissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur". Jacques Mercier exerce sa fonction de maire jusqu'en août 1815. Il est encore maire provisoire du 9 décembre 1851 au 25 mars 1852 date à laquelle il est démissionnaire, étant élu député le 29 février précédent, mais il est immédiatement nommé par le préfet membre de la commission municipale.
Député de l'Orne en 1815, il est battu en 1834 et réélu en 1836. Il est par ailleurs membre du conseil des manufactures et président du tribunal de commerce par intérim en 1818, puis de 1821 à 1823, de 1825 à 1827, de 1830 à 1832 et de 1843 à 1847.
Jacques Mercier qui est fait chevalier de la Légion d'honneur sous la Première Restauration, nomination confirmée par l'empereur durant les Cent-Jours, s'éteint en 1858 à Paris. Il est inhumé au cimetière de Lonrai.
Située dans le quartier du Champ-Perrier, une rue porte son nom depuis 1963.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).