Château (rue du)
Située dans le quartier Saint-Léonard, la rue du Château relie la rue de la Chaussée au carrefour formé par la Grande-Rue et les rues de Sarthe et de Fresnay. Probablement apparue vers le IVe siècle, lors de la naissance de la ville, elle fut sans doute aménagée par Guillaume Ier de Bellême, deuxième seigneur d'Alençon, lors des travaux considérables qu'il fit entreprendre sur la rive droite de la Sarthe. La rue du Château est attestée en 1297 sous le nom de rue Notre-Seigneur-le-Comte (Charles Ier) ; de 1302 à 1361 environ, sous celui de rue Le-Comte (Charles Ier, II et III) ; à partir de 1364 sous son nom actuel, mais avec la graphie Chastel en 1391, Chasteau en 1499 et Grande-Rue-des-Étaux-allant-au-Château en 1591 et 1679. Les comtes d'Alençon "régnèrent" de 1119 à 1414 et leurs noms furent également donnés à la Grande-Rue.
C'est dans cette voie, qu'après 1705, se tint le marché aux porcs qui avait lieu auparavant dans la rue du Collège.
Outre le château, signalons à l'actuel n° 2, le café des Sept Colonnes, des XIVe-XVe siècles, qui tire son nom des sept colonnes soutenant sa cave voûtée, qui pourrait être du XIIe siècle, ou de sept piliers de fonte sur lesquels elle serait construite. La tradition dit qu'il suffirait de soulever une dalle qui y serait située pour inonder la ville. "Quiconque me lèvera, Alençon périra!" La maison portant les n°s 9-11 se distingue par ses pans de bois. Le n° 16, des XIIe, XVIe et XVIIe siècles, est remarquable grâce à son porche, à sa fenêtre avec linteau à double accolade et écus, et à ses balcons en fer forgé ; sa cave passe pour avoir abrité les prêches secrets des pasteurs protestants après la révocation de l'édit de Nantes survenue le 18 octobre 1685. C'est à l'hôtel Fromont de Bouaille, bâti en 1709 sur l'emplacement du premier collège des jésuites, appelé également Moloré de Saint-Paul, au 35, que se tenait la "poste aux lettres" au début du XIXe siècle, puis l'annexe de l'école Sainte-Marie. Le n° 37 se remarque par ses lucarnes en granit ; Eugène Lecointre habita dans la maison du XVIIIe siècle portant le n° 43 ; le 46 se signale par sa belle porte cochère du XVIIIe siècle ; et le 58, des XVe-XVIe siècles, par sa lucarne, sa fenêtre à linteau à double accolade et écus et une autre à simple accolade et écu.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).