Anniversaires de la Libération

L'audacieuse manœuvre du général Leclerc, permise par la judicieuse initiative de Raymond Ciroux, évita un intense bombardement de la ville programmé le 12 août à 10 heures par les alliés afin d'écraser l'ennemi qui devait réinvestir la cité. Les forteresses volantes ont bien survolé Alençon à l'heure prévue, mais des panneaux signalétiques orangés furent déployés sur les parapets des ponts et les avions renoncèrent à lâcher leurs bombes. Dès que les Alençonnais eurent conscience qu'ils avaient échappé aux pilonnages de l'artillerie alliée et aux combats de rues qui auraient suivis, réduisant leur ville à un champ de ruines, une immense gratitude envers leur libérateur gonfla leurs cœurs. Les habitants d'Alençon n'ont pas oublié ce qu'ils doivent au général Leclerc et à ses soldats et témoignèrent leur reconnaissance en assistant massivement aux cérémonies commémoratives de la libération de leur ville, notamment celles de 1945 et de 1947 honorées par la présence du général.

 

12 août 1945
10 août 1947

 

 

Le 50e anniversaire de la libération d'Alençon, le 12 août 1994, fut célébré avec un éclat particulier et fit l'objet d'une flamme postale. La Ville organisa plusieurs manifestations en présence des acteurs de cette époque, d'éminentes personnalités civiles et militaires et des associations patriotiques. Maurice Schumann, ancien ministre, académicien et président de la commission des affaires culturelles au Sénat, lut le texte qu'il lança sur les ondes de la B.B.C. le 18 août 1944, devant la maréchale Leclerc de Hauteclocque, Pierre Messmer, ancien Premier ministre, François Léotard et Philippe Mestre, ministres de la Défense et des Anciens combattants, Alain Lambert, maire d'Alençon et sénateur de l'Orne, etc.

Deux arbres du souvenir furent plantés. Le premier, un hêtre pourpre situé cour de la Gare, dénommée place de la Résistance le 30 mai 1994, est accompagné d'une plaque commémorative libellée "1944-1994 Cinquantenaire de la Liberté" ; le second est un saphora mis en place à l'angle de la rue des Tisons et de l'avenue Rhin-et-Danube, symbolisant l'entrée de la 2e Division Blindée à Alençon.

Deux expositions furent présentées au public, l'une de véhicules militaires d'époque (ambulances, Dodge 4 X 4 et 6 X 6, jeeps, motos Harley, remorques porte-char, le célèbre G.M.C.-caravane du général Leclerc, etc.), et l'autre de véhicules et d'armes de l'armée française (chars A.M.X. 10 et 30, jeeps, véhicules blindés légers et le fleuron de l'armée française, le char "Leclerc").

La célébration d'une messe épiscopale à la Croix de Médavy, dans la forêt d'Écouves, une cérémonie du souvenir à la nécropole nationale des Gateys, un hommage au général de Gaulle, des défilés de véhicules d'époque, une prise d'armes et des concerts donnés par la musique de la Gendarmerie furent les points forts de cette journée historique à laquelle les Alençonnais, qui avaient décoré leurs maisons et sorti les drapeaux tricolores, contribuèrent activement.

Enfin, la Ville rendit hommage à son libérateur en lui dédiant un lieu de mémoire, le musée Leclerc, rue du Pont-Neuf, au 2e étage de la maison qui lui servit de poste de commandement, créé spécialement pour cet anniversaire.

 

Extrait de La Seconde Guerre mondiale à Alençon (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2007).

L'affiche du 1er anniversaire de la Libération est conservée aux Archives municipales d'Alençon sous la cote 6 Fi 1 154.