Bombardements (Seconde Guerre mondiale)

C'est à compter du 9 juin 1940 que le département de l'Orne subit les bombardements de l'aviation allemande. Le 14 juin, la Luftwaffe prend Alençon pour cible. À midi, une escadrille de douze avions lâche soixante à quatre-vingts bombes aux abords de la gare dont la consigne est aménagée en centre de ravitaillement. Le bâtiment est sévèrement touché ; plusieurs bombes atteignent la cour des voyageurs encombrée de réfugiés, faisant trente et une victimes. Ce bombardement touche la ville alors que celle-ci voit passer des civils du nord de la France, ainsi que des Belges et des Hollandais, se dirigeant vers le sud pour fuir l'avance de l'armée allemande. D'autres projectiles, tombés près du cimetière Notre-Dame dont la maison du concierge est en partie détruite, à côté de l'usine Hénault-Morel, rues de l'École-Normale et des Tisons, ne provoquent que des dégâts matériels. Les débuts d'incendie sont éteints par les pompiers.

Dans un rapport daté du 30 avril 1944, le préfet de l'Orne note que la recrudescence des bombardements sur les voies de communication laisse penser à la population qu'un débarquement allié sur les côtes normandes ne fait aucun doute. Le 21 mai, entre 12 h 10 et 13 h 30, quelques avions attaquent le secteur de la gare, faisant deux blessés. Celle-ci est sérieusement endommagée ainsi que onze locomotives. À proximité, un hangar est en flammes et plusieurs maisons ont leurs façades détériorées. En l'absence d'électricité, les sirènes n'ont pas pu donner l'alarme. Entre les 3 et 5 juin, les alertes se succèdent. Vers 3 heures, dans la nuit du 5 au 6 juin, les Alençonnais sont réveillés par les sirènes et le vrombissement d'avions, signes précurseurs du Débarquement. Dans la soirée, autour de 20 h 30, l'aviation alliée attaque la gare causant la mort d'une personne, première victime civile, travaillant dans une réserve à proximité des voies.

Après le Débarquement, afin de ralentir l'arrivée des renforts allemands vers la Normandie, la stratégie militaire implique le pilonnage de plusieurs villes. Du 6 juin au 11 août 1944, Alençon subit une vingtaine de bombardements causant près de deux cents victimes. Les plus importants sont ceux des 9 juin (Compagnie industrielle des pétroles à Courteille, Lancrel, destruction du quartier de la gare, monument aux Morts de 1914-1918 endommagé, incendie de l'école Saint-François), 24 juin (Montsort, route de Bretagne), 28 juin (gare, boulevard de la République, route de Mamers), 12 et 13 juillet (gare), 17 juillet (rue de Bretagne, usine à gaz, église Notre-Dame, centre psychothérapique, Grande-Rue, rues de la Halle-aux-Toiles, de la Fuie, Becquembois, Cazault, ruelle Piquet), 22 juillet (usine d'imprégnation), 24 juillet (gare) et 26 juillet (Courteille).

Pendant cette période, les équipes de la Croix-Rouge et de la Défense passive jouèrent un rôle important auprès des Alençonnais et plusieurs de leurs membres furent victimes de leur devoir.

La Ville d'Alençon a été citée à l'ordre de l'Armée avec attribution de la Croix de guerre.

De haut en bas et de gauche à droite : la gare, la rue Odolant-Desnos,

les actuels numéros 45 et 53 de l'avenue de Basingstoke, la bijouterie Camus Grande-Rue

 

Extrait de La Seconde Guerre mondiale à Alençon (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2007).