Lyautey (Hubert)

Hubert Lyautey est né à Nancy en 1854. Après avoir fait Saint-Cyr, il entre à l'école d'état-major où il est reçu officier de cavalerie. Il commence par servir en Algérie, puis nommé capitaine, il part au Tonkin comme collaborateur de Joseph Galliéni qu'il suit à Madagascar.

Promu colonel en 1900, il est muté à Alençon en 1902 au 14e régiment de hussards. Quitter Madagascar où il excelle dans la pacification de l'île est pour lui une terrible punition. Quelques-unes de ses réflexions auraient indisposé certains milieux officiels. En 1889 et 1890, Hubert Lyautey s'était découvert un lien avec Alençon. En effet, des recherches généalogiques l'avaient amené à découvrir une filiation entre lui-même et le comte d'Alençon Pierre Ier, car Hubert Lyautey descend de Louis IX à la 22e génération par les femmes. Mais c'est désespéré qu'il prend, en 1903, le commandement de "800 sabres qui ne sabreront jamais rien". Il écrit "Depuis mon retour, pas une main ne s'est tendue. Si j'ai reçu des conseils, ce n'a été que pour m'engager à faire le mort. Je me suis fait ici un masque souriant et satisfait que je ne quitte qu'en rentrant chez moi. Je me ronge d'inemploi dans cette petite ville morte, où pas une idée n'est échangeable, sans un compagnon. Qui m'ouvrira cette prison ?"

En septembre, la porte de sa prison s'ouvre. La situation en Algérie est inquiétante et il est désigné pour prendre en main la frontière sud-oranaise où il se distingue ce qui lui vaut d'être fait général. En 1912, il devient résident général au Maroc où il fait œuvre civilisatrice, respectant les croyances et les coutumes des Marocains, assurant l'ordre, établissant un programme de développement économique et social qui fait de lui le véritable créateur du Maroc moderne. De décembre 1916 à avril 1917, il est ministre de la Guerre. Revenu au Maroc, il est élevé à la dignité de maréchal en 1921. Remplacé par le maréchal Pétain lors de la guerre du Rif, il se retire en 1925 à Thorey (Meurthe-et-Moselle).

Hubert Lyautey, premier soldat colonial de France, qui a marqué profondément son temps en créant un humanisme militaire, s'éteint en 1934. D'abord inhumé à Rabat, son corps est ramené en France et transféré à l'Institution nationale des Invalides.

Le commandement du 14e régiment de hussards d'Alençon n'est donc, dans la carrière d'Hubert Lyautey, qu'un épisode sans intérêt qui lui a laissé un de ses plus mauvais souvenirs. Le maréchal est cependant revenu dans notre ville pour assister à la pose d'une plaque sur la demeure qu'il habita rue de la rue La-Billardière, ainsi qu'en 1934 pour assister à une réception à l'occasion de la Fête nationale de Jeanne d'Arc. "Pas une main ne s'est tendue" a-t-il écrit. On peut donc s'interroger sur les motifs qui poussèrent à donner précipitamment son nom à une rue quatre jours après sa mort. "Pas un compagnon dans cette petite ville morte" a-t-il encore noté. La presse, pourtant, en 1951, quarante-huit ans après son départ d'Alençon, à l'occasion de la pose d'une seconde plaque sur sa maison, remplaçant la première disparue pendant l'Occupation, ne manquera pas d'évoquer les "nombreux Alençonnais ayant gardé en leur cœur le souvenir vivace du grand Français".

Située dans le quartier de Courteille, une rue porte son nom depuis 1934, l'ancienne caserne Valazé, aujourd'hui propriété du conseil général, prit le nom d'Hubert Lyautey en 1951, et une résidence bâtie en 1963, située boulevard de Strasbourg, porte également son patronyme.

 

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).

 

Bibliographie

André Le Révérend, Lyautey, Éditions Fayard.

André Maurois, Lyautey, Éditions Plon, 1931.