Hébert (Jacques)

Jacques Hébert est né au n° 118 de la Grande-Rue le 15 décembre 1757. Il est le fils de Jacques Hébert, orfèvre et échevin, et de Marguerite Bunaiche de la Houdrie. Enfant aimable et gracieux, il fait quelques études au collège des jésuites.

Condamné pour être l'auteur d'affiches diffamatoires envers un rival dans une relation amoureuse, et pour avoir insulté les magistrats locaux, il quitte Alençon en 1780. Il végète à Rouen, puis échoue à Paris. Sur le point de partir en Chine, il obtient un emploi de contrôleur de billets au théâtre des Variétés dont il est renvoyé pour vol et vit ensuite d'expédients : domestique, maître poêlier, marchand de fourneaux...

Révolutionnaire fougueux, il fonde en 1790 un journal, intitulé Le Père Duchesne. Les articles cyniques du Père Duchesne sont parsemés de jurons, de plaisanteries triviales et grossières qui plaisent à la populace. Démagogue et cruel, Jacques Hébert s'efforce de salir ceux qu'il attaque. Pourtant, ce style n'est pas dans ses goûts, mais cela réjouit les Parisiens qu'il pousse à l'insurrection, et Le Père Duchesne connaît un succès extraordinaire. Membre du club des cordeliers en 1791, Jacques Hébert s'y distingue par son éloquence. Chef de la faction des "Enragés", il est l'ennemi des girondins et de son compatriote Charles Valazé. Le 17 juillet, il signe au Champ-de-Mars la pétition pour la déchéance de Louis XVI. Le 7 février 1792, pourtant violemment anticlérical, il épouse religieusement à Paris, Marie Goupil, ancienne nonne. avec qui il s'entend parfaitement. En dehors de ses déchaînements littéraires, il est un bon mari, calme et affectueux et vit bourgeoisement. Suite à l'insurrection du 10 août 1792, il est nommé membre du conseil général de la commune de Paris et substitut du procureur. Après la mort de Louis XVI, il livre une guerre sans merci aux girondins qui réussissent à le faire emprisonner le 24 mai 1793. Relâché le 28 mai, il continue son action et participe au procès de Marie-Antoinette qu'il accuse d'inceste avec son fils. Alors qu'il dénonce la modération de Robespierre, ce dernier le fait arrêter le 13 mars 1794. Condamné à mort, Jacques Hébert jusque-là si audacieux, manque de courage devant l'échafaud où il est conduit le 24 mars à l'échafaud, presque évanoui, au milieu des huées de la foule et des imprécations les plus violentes.

Un passage, situé dans le quartier Saint-Léonard, portait son nom depuis le 27 novembre 1979. Aménagé en cour, son nom est pérennisé le 30 avril 1985.

 

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).