Chapelle Saint-Blaise
La chapelle Saint-Blaise, attestée en 1348, mesurant dix mètres de largeur et trente-deux mètres de longueur, était située sur l'emplacement du champ de foire.
Elle tire son nom de la rue qui y donnait accès qui elle-même porte celui de Blaise, né en Arménie au IVe siècle. Évêque de Sébaste et médecin, il vit en ermite, lors des persécutions, dans une caverne où il soigne les animaux sauvages et accomplit des miracles. Retrouvé en 316, il est condamné à la décapitation, puis son corps est horriblement dépecé avec des peignes de fer semblables à ceux des cardeurs. Il est vénéré au Moyen Âge comme le patron des laboureurs, des peigneurs de chanvre et de laine, le protecteur des troupeaux et le guérisseur des maux de gorge et des morsures de serpent. Il fait partie du groupe des saints auxiliateurs qui, depuis le XIIIe siècle, passent pour des intercesseurs privilégiés auprès de Dieu. Saint Blaise, dont la fête est célébrée le 3 février, est souvent représenté avec ses attributs, des chandelles entrecroisées, qui rappellent la légende selon laquelle une femme dont il avait sauvé le fils vint lui apporter des bougies dans sa prison. Mais toutes ces informations sont sujettes à caution.
Probablement apparue vers le IVe siècle avec la naissance d'Alençon, située sur une partie d'un vieux chemin qui menait aux villes de Sées et de Paris, la rue Saint-Blaise relie aujourd'hui le carrefour de la Grande-Rue, du cours Clemenceau et de la rue Cazault à la place De-Gaulle.
Le cimetière Saint-Blaise qui jouxtait la chapelle est attesté en 1598.
Succursale de l'église Notre-Dame, la chapelle Saint-Blaise était desservie par un ou plusieurs chapelains sous le contrôle du curé d'Alençon et une procession s'y rendait chaque année le jour et la veille de la fête de saint Blaise. Restaurée en 1514, elle est profanée quelques années plus tard : "En l'an de grâce 1533, la vigille de la Feste-Dieu [11 juin], deux mécréants entroient de nuyct en ceste chapelle [...] prenoient et emportoient les ymaiges de la gloriesse Virge Marie et de Sainct Claude, [...] pendoient-ils ycelles ignominieusement à deux gouttières de ladicte ville". Un tel acte, à cette époque, est considéré comme un crime bien plus grave que celui de lèse-majesté. Les deux coupables, Jehan Cournyn et Étienne Laignel sont menés "ès lieux et rues où ils avoient pendus les dictes ymaiges, esquels lieux avoient estez dressez deulx potences esquels lesdits estoient estranglez, puis penduz pendant le tems et espace de trois heures ; et ce faict, leurs testes estoient couppées et portées aux deux principalles portes de la ville, et leurs corps portez et penduz aux fourches patibulaires d'icelle ville".
Nous ne savons pas grand-chose sur le mobilier de la chapelle sinon qu'elle avait une cloche en 1557 et qu'elle possédait trois autels sans décoration, un dans le choeur et deux dans la nef. Par ailleurs, des indices nous laissent penser qu'elle devait n'avoir ni voûte ni lambris. Nous ignorons si elle fut profanée comme les autres édifices cultuels par les protestants pendant les troubles calvinistes, notamment en 1562, mais on peut penser qu'elle fut épargnée car à cette époque, elle servait de temple aux huguenots. En 1565, une porte et une serrure neuves sont installées et les abords de l'édifice sont nettoyés. Une cloche, remplaçant celle de 1557, est bénite le 12 mai 1667. En 1699, la chapelle ne subsiste plus "que par la charité de plusieurs personnes" et elle est si petite que les prêtres sont obligés de revêtir et d'enlever leurs vêtements sacerdotaux "au coin de l'hotel devant tout le monde". Pour remédier à cet inconvénient, le conseil de ville, le 1er juin de la même année, autorise la construction d'une sacristie "faitte aux frais et diligence [des] personnes charitables qui le voudront faire".
En 1714, au mois de janvier, "on commença à faire des réparations à la chapelle Saint-Blaise qui s'en allait en ruines, tant en murailles, fenestres, statues et ornemens. Cela se faisait d'offrandes des âmes pieuses" et les offices continuent d'y être célébrés jusqu'à la Révolution. En 1744, la cloche, cassée, est fondue le 11 octobre et bénite le 20 novembre par le curé de Notre-Dame Julien Bourget : "Le vendredy vingt de ce mois la cloche de St Blaise pesant cent sept livres a été bénie par nous bachelier de Sorbonne curé d'Alençon soussigné et a été nommée Marie Louise par Messire Louis François Lallemant, chevalier, comte de Levignen, seigneur de Betz, Macqueline et Ormoy, con[seille]r du roy en ses conseils, maistre des requestes ordinaire de son hôtel, intendant de justice, police et finances dans la g[éné]ralité d'Alencon, rep[rése]nté par me[ssi]re Jean Barbot, écuyer, s[ei]g[neu]r de Collanges, seigneur de la Chapelle du Pin, con[seille]r du roy, lieutenant des maréchaussées de la généralité d'Alençon, et par dame Marie Jacqueline Boutin, épouse dud[it] s[ei]g[neu]r de Levignen, rep[rése]ntée par dame Francoise Charlote Deschamps, épouse dud[it] s[ei]g[neu]r de Collanges, lesquels ont signé led[it] acte avec nous."
En 1790, la chapelle est désaffectée et sa cloche est envoyée aux fonderies nationales d'Orléans. Le 21 octobre 1793, il est décidé qu'il sera établi un corps de garde dans la chapelle "pour surveiller l'arrivée, le passage, et la sortie des étrangers, et servir en outre aux moiens de sureté genéralle que les circonstances prescrivent". Transformé en poudrière, l'édifice est donné à la Ville par Napoléon Ier en vertu de l'article 3 du décret du 3 août 1810 et confirmé par l'article 13 de l'ordonnance du 5 août 1818. Suite aux délibérations du conseil municipal des 6 septembre 1819 et du 28 janvier 1820, elle est adjugée le 16 février suivant, à un sieur Thébault, à charge pour lui de la démolir et d'en emporter les matériaux, ce qui sera fait l'année suivante, afin de permettre l'aménagement du Champ-de-Foire sur son emplacement et sur celui du cimetière attenant dont la suppression avait été décidée par le conseil les 14 mai 1806 et 18 octobre 1808.
Plan
cadastral de 1811 (Archives municipales 1 G) |