Carmélites (couvent des)

En 1756, il est projeté d'installer un couvent de carmélites à Alençon. Il y a alors à Saint-Denis, une novice alençonnaise, Mlle Courtin, qui désire ardemment qu'un carmel soit établi dans notre ville. Mais sa santé déficiente l'oblige à rentrer à Alençon et son souhait ne peut se réaliser.

Dix-neuf ans plus tard, Mlle Courtin reçoit la visite de Rose des Chapelles, qui, après le décès de sa mère, désire en employer la succession à l'établissement d'un carmel. Mlle Courtin se met en rapport avec Louise de France qui demande à son oncle, le duc d'Alençon, futur Louis XVIII, de l'aider. Celui-ci consent à être membre fondateur ; il donne une pension et une coupe annuelle de bois de chauffage. De son côté, Mlle des Chapelles offre une vaste maison avec jardin, à l'actuel n° 4 de la rue du Moulin-de-Lancrel, où six religieuses arrivent le 23 décembre 1777. Mais un revirement inattendu de Rose des Chapelles met l'existence du carmel en danger. En effet, celle-ci, ignorant les règles sévères de la communauté, a la prétention, puisqu'elle loge et dote les religieuses, d'avoir le droit, elle et sa domestique, d'entrer et de sortir du couvent à leur guise. Le refus des carmélites froisse tellement Mlle des Chapelles qu'elle chasse les moniales qui sont hébergées par les sœurs de l'Union chrétienne à partir du 7 mai 1778. Pour sauver l'établissement, Louise de France se dépense sans compter. Après bien des démarches, les carmélites finissent par s'installer rue de la Juiverie, le 30 décembre 1780, à côté de la communauté de l'Union chrétienne, après que Louis XVI eut donné son autorisation par lettres-patentes du 7 du même mois.

Il aura fallu un quart de siècle pour que le projet de cette œuvre put s'épanouir et, de toutes les entreprises pieuses de Louise, la fondation du carmel d'Alençon est celle qui lui a donné le plus de peine.

Fermé en 1792 en vertu des lois des 18 et 26 août, son établissement sera ensuite occupé par la manutention, sur l'emplacement actuel d'une partie du Front de Sarthe.

Extrait de Figures féminines alençonnaises du XVe au XIXe siècle (Alain Champion, Archives municipales d'Alençon, 1993).

Sources

Gobillot (René)/ Tournoüer (Henri), "Excursion archéologique dans le Maine et le Pays d'Alençon", Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, 1908.

Tabourier (Léon), "Histoire de la fondation des deux carmels d'Alençon", Bulletins de la Société historique et archéologique de l'Orne, 1956.