Kiosque à musique
Le 12 mai 1875, il est exposé au conseil municipal que "La fanfare du 17e bataillon de chasseurs à pied [...] et la musique municipale alternent chaque semaine l'exécution de concerts sur les promenades pendant la belle saison. [...] La population assiste en grand nombre à ces concerts et témoigne ainsi par sa présence de tout l'intérêt qu'elle y prend. C'est qu'en effet, la population y trouve un délassement instructif et moral qui, en réunissant indistinctement toutes les classes de la société [..] éloigne pendant ce temps des cafés et cabarets une partie intéressante de cette population qui y puise des goûts artistiques dont l'avenir profitera sans aucun doute." En conséquence, il est demandé la construction d'un kiosque à musique mais le conseil repousse la proposition qui, à ses yeux, ne présente pas un caractère de nécessité suffisante.
À l'occasion d'un grand concours musical qui doit se dérouler à Alençon en 1888, une nouvelle proposition d'élever un kiosque à musique dans les Promenades est présentée le 17 avril au conseil qui, cette fois, approuve le projet. Les plans, inspirés du kiosque de Cambrai, sont réalisés par l'architecte Pierre Lheureux. Il s'agit d'une construction métallique "permettant des formes plus élégantes et offrant moins de chances d'incendie" élevée sur un soubassement en pierre, de forme octogonale offrant une superficie de 67 m², avec un toit d'ardoise. L'entreprise de serrurerie Duval et Martin est chargée des travaux de ferronnerie qui s'achèveront le 7 septembre 1888.
Devenu l'un des points d'attraction de la cité qui est alors une ville de garnison, de nombreux concerts y sont donnés, notamment le dimanche, par la musique militaire et l'harmonie municipale ; en voici les plus marquantes : le 5 octobre 1896, la musique municipale célèbre l'arrivée en France de l'empereur de Russie, Nicolas II, ainsi que le retour de ce pays de Félix Faure, Président de la République, le 31 août 1897 ; le 5 juin 1898, la musique du 115e régiment d'infanterie commémore l'entrée à Alençon, en 1527, de sa duchesse,Marguerite de Navarre ; lors de la kermesse de bienfaisance organisée du 22 au 24 juin 1901 par le Syndicat des travailleurs du livre au bénéfice des ouvriers victimes d'accidents et de maladies, le kiosque, fleuri, abrite la Société philharmonique qui s'y produit ; entre les deux guerres mondiales, le jour de la Fête nationale donne lieu à une distribution de récompenses et de médailles aux ouvriers et aux ouvrières les plus méritants de la ville et aux mères de famille nombreuse ainsi qu'à une distribution des prix des cours d'apprentissage - en 1938, s'y ajoute une remise de diplômes de la Fédération musicale de Normandie aux élèves de la musique municipale - ; le 1er octobre 1933, un concert est donné par cette dernière à l'occasion du concours départemental agricole de l'Orne ; l'inauguration de l'aérodrome, le 25 juin 1939, est célébré par la fanfare aérienne de la 2e région et la musique du 117e régiment d'infanterie ; après la Seconde Guerre mondiale, jusque vers 1955, des concerts, à l'occasion des fêtes commémoratives de l'armistice et de Jeanne d'Arc, y sont donnés, notamment par la musique du 1er régiment de marche du Tchad en 1954 et par la fanfare du 3e régiment de hussards en 1955, etc.
Au fil des années, le kiosque est plus ou moins désaffecté et se dégrade. Le 30 mars 1967, le comité des fêtes demande sa démolition et son remplacement par un podium. Le maire répond, le 10 avril, que l'édifice ne présente pas de danger spécial et qu'il peut être restauré sans dépenses excessives, celui-ci étant le témoignage du passé et faisant partie du patrimoine. Il faudra cependant attendre le 26 septembre 1991 pour que cette restauration, à l'identique, soit décidée. Les travaux entrepris l'année suivante sont réceptionnés le 1er juillet 1993. Depuis, le kiosque à musique abrite à nouveau diverses manifestations.
Extrait de Alençon de A à Z (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2008).