Visitation (couvent de la)

La règle de cet ordre, fondé par François de Sales en 1610, s'inspire de celle de saint Augustin. Mais aux prières et à la méditation, François de Sales ajoute la visite des malades et des pauvres. Cette innovation, symbolisée par la rencontre de la Vierge Marie et de sa cousine Élisabeth, est sans doute à l'origine de son vocable.

La création à Alençon du 127e couvent des visitandines se fait en plusieurs étapes. C'est en 1658 que Louis XIV autorise son établissement. Arrivées l'année suivante, les religieuses s'installent d'abord, pense-t-on, dans une maison de la rue du Bas-de-Montsort qui devient rapidement trop petite.

Les sœurs font donc l'acquisition de plusieurs bâtiments aujourd'hui disparus situés dans la rue des Poulies, mais cette deuxième installation n'est pas plus satisfaisante que la précédente.

En 1673, la communauté fait l'acquisition de la préfecture actuelle. Mais les visitandines sont obligées de céder leurs droits à la duchesse de Guise et d'Alençon.

Déçues, elles prennent alors la décision de construire un monastère entre l'actuelle place du Cent-Troisième-Régiment-de-Ligne et la boucle de la Sarthe. En 1681, la première pierre de l'enceinte du monastère est posée par l'évêque du Mans et celle du couvent lui-même est mise en place en 1683. C'est en 1688 que les visitandines s'installent définitivement dans leurs nouveaux locaux. Jusqu'à la Révolution, l'effectif varie autour de trente-cinq religieuses et le recrutement est essentiellement local. Outre leurs occupations au service de la collectivité et les offices religieux, les sœurs s'adonnent à divers travaux, à la lecture, à la correspondance, à la tapisserie, filent et teignent les étoffes, fabriquent des bougies et des chandelles, et font de la dentelle. Toutefois, le travail de celle-ci altérant leur santé et sa vente n'étant pas assez rémunératrice, la dentelle est abandonnée en 1681.

Isolées du monde, les visitandines ne voient pas venir la Révolution qui supprime les congrégations. Le couvent est alors transformé en hôpital militaire, puis en caserne en 1802 et en sénatorerie l'année suivante. Après différentes utilisations, l'ancien couvent deviendra la caserne Ernouf en 1861.

La Révolution passée, un décret de 1806 permet à l'ordre de la Visitation de se reconstituer. Un arrêté municipal du 19 décembre suivant autorise l'établissement de la communauté qui s'est déjà installée dans une maison de la rue du Cours (cours Clemenceau). En 1811, elle fait l'acquisition de l'hôtel Roslin situé rue du Val-Noble. Après la suppression des sénatoreries en 1814, les religieuses tentent durant plusieurs années de se réinstaller dans leur monastère. Mais les échecs de leurs multiples tentatives et des difficultés financières croissantes les décident à abandonner Alençon et à se répartir dans les autres communautés. L'ordre des visitandines, après cent soixante-huit années de présence à Alençon, quitte la ville en 1827.

Une rue reliant les rues des Tisons et de la Sénatorerie porte le nom de l'ordre. Probablement ouverte vers 1825, elle fut dénommée en 1853. Il s'agit sans doute de l'ancienne rue Guibé attestée de 1837 à 1844. Avant le percement du boulevard de la République en 1890, la rue de la Visitation se prolongeait jusqu'à la rue de l'Île.

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).

L'illustration provient du Bulletin de la société historique et archéologique de l'Orne de mars 1974 p 47.

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