Lamagdelaine (Victor)
Victor Lamagdelaine est né en 1764 à Verdun-sur-Garonne. Avocat et procureur du roi, puis maire de sa ville natale à vingt-cinq ans, il entre en 1790 dans l'administration départementale de la Haute-Garonne. Il remplit ensuite les fonctions de président du district de Grenade, près de Toulouse, et de juge au tribunal de cassation à Paris, de 1796 à 1799, puis il est nommé la même année en Haute-Garonne comme commissaire du pouvoir exécutif près l'administration centrale du département.
C'est en 1800 qu'il est promu préfet du département de l'Orne. Fait officier de la Légion d'honneur et baron en 1811, le sénateur Pierre Rœderer écrit de lui : "C'est un homme de bien. Il paraît peu en état de faire de la dépense, mais il semble bien à sa place dans un département qui a été plus que d'autres travaillé par la chouannerie. [...] Témoignant beaucoup de fermeté et de douceur, il s'occupe avec zèle de son administration. Il est garçon, ne s'attache pas à la société des femmes et n'estime pas les prêtres. [...] Pour les affaires, c'est un homme très sûr. Intégrité, probité, justice. Il n'y a que du bien à en dire. Pour le personnel, il est un peu sauvage. Il entend mieux les affaires que le monde et la société. Dans un pays voisin de la Vendée, c'est un homme utile."
C'est sous son administration que se développent les grandes routes et les chemins. L'une de ses œuvres les plus laborieuses est l'organisation des communes. Il tente, sans aucun succès, d'organiser des bureaux de bienfaisance par cantons.
Après l'abdication de l'empereur, en 1814, Victor Lamagdelaine part pour Caen afin de présenter ses hommages au duc de Berry, fils du futur Charles X et neveu de Louis XVIII. Il fait imprimer une proclamation qui se termine par un chaleureux "Vive le roi !" et dans laquelle il dit "Jetons un voile prudent et religieux sur le passé et fixons uniquement nos regards sur la riante perspective d'un avenir réparateur." Malgré cela le roi refuse ses services et lui donne un successeur, le vicomte Gabriel de Riccé. Pas rancunier, Napoléon le nomme de nouveau préfet de l'Orne, le en 1815, et Victor Lamagdelaine revient comme l'empereur faire ses Cent-Jours. Ayant posé sa candidature à la Chambre des députés en 1831, il prétend, pour les besoins de sa cause, avoir été "obligé" d'accepter le titre de baron en 1811.
Retiré de la vie publique, Victor Lamagdelaine qui fut le premier préfet de l'Orne et par conséquent le créateur de la nouvelle administration départementale, s'éteint obscurément à Paris, en 1839, après avoir fait plusieurs legs, notamment à l'hospice d'Alençon.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).