Hervieu (Louise)
Louise Hervieu est née en 1878 à Alençon. Lorsque ses parents s'installent à Paris, Louise, qui n'est encore qu'une enfant, est d'une santé fragile subissant une hérédité syphilitique. Placée dans un couvent, ses éducatrices décèlent en elle un don pour le dessin. Après avoir travaillé dans divers ateliers, elle fait, en 1905, son premier envoi au Salon des Indépendants. Son unique exposition de tableaux à l'huile, en 1910, est un échec. Découragée, elle abandonne la peinture et ne s'adonne plus qu'au dessin.
En 1915, elle est clouée au lit et sa vue qui s'affaiblit l'oblige à renoncer à la couleur. Ses dessins en noir et blanc, dont elle sait tirer des effets de contrastes très expressifs et dans lesquels elle garde ses techniques de peintre, révèlent une obsession de la beauté et de la santé. Par ailleurs, elle possède le don d'écrire, se faisant sa propre illustratrice, et Les fleurs du mal, de Charles Baudelaire, trouvent en elle une magnifique imagière.
En 1926, elle écrit Le bon vouloir, couronné par l'Académie française et, dix ans plus tard, elle obtient, avec son roman intitulé Sangs, le prix Fémina. Puis, cette "bien pauvre chose", comme elle se nomme elle-même, malgré, ou grâce à sa maladie, va trouver la force nécessaire pour mener à bien ce qu'elle considère comme l'œuvre maîtresse de sa vie. En 1938, elle obtient de haute lutte, de la part des pouvoirs publics, l'attribution à tout nouveau-né d'un "carnet de santé".
Louise Hervieu sait que sa gloire littéraire et artistique sert la cause de ceux qui, comme elle, souffrent du grand mal héréditaire et, pour que sa mission s'accomplisse, elle abandonne, avant de mourir, tous ses biens aux malades qui l'entourent.
D'une santé médiocre et à demi-aveugle, mais d'une âme sans faille,Un de ses fusains a été remis au musée d'Alençon par ses héritiers.
Aménagées sur l'emplacement du couvent des bénédictines, une résidence et une allée portent son nom depuis 1985.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).