Fromentin (Jacques)
Archives départementales de l'Orne Cliché A. Morin
Jacques Fromentin est né à Alençon en 1754. Après des études médiocres, il s'engage comme simple soldat en 1778 et prend part aux Indes à de nombreux combats contre les Anglais. Obtenant un congé en 1787, il rentre en France et adhère aux idées révolutionnaires. Nommé lieutenant-colonel du premier bataillon de l'Orne en 1791, il est à Alençon lorsque la guerre est déclarée à l'Autriche et à la Prusse l'année suivante. Adjoint du général Jourdan, il participe à tous les combats livrés par l'armée du Nord et le premier bataillon de l'Orne est l'un de ceux qui, sous les ordres du général Dumouriez, prélude à la victoire de Jemmapes (Belgique). Grâce à son intrépidité, à son courage, à son audace et à son énergie, Jacques Fromentin gagne la confiance et l'estime de ses chefs et il est promu, en 1793, commandant de la citadelle d'Anvers. Après la défection du général Dumouriez, il est un des officiers qui assurent la retraite des troupes. À la suite de son rôle valeureux, il est promu général de brigade. Il s'illustre ensuite à la bataille d'Hondschoote, ce qui lui vaut d'être nommé général de division. En octobre, il commande l'aile gauche à la bataille de Wattignies à laquelle il prend la plus brillante part et qui constitue son principal titre de gloire. Ayant perdu des forces suite à plusieurs blessures, dont quatre coups de sabre à la tête, il est quelquefois pris de faiblesse et tombe de son cheval. Lors d'une escarmouche, il est grièvement blessé, sa monture tombée sur lui. Laissé pour mort sur le champ de bataille, il réussit à se dégager et erre pendant cinq jours dans les plaines, travesti en berger, pour regagner l'armée. Accusé d'ivresse, il est destitué en 1794. Profondément humilié, il veut se suicider en se tirant un coup de pistolet dans la bouche. Mais il en réchappe et la balle, qui lui endommage la mâchoire, reste dans ses gencives. Cependant, le Comité de salut public reconnaît ses mérites, rend justice à sa bravoure et il est rétabli dans son grade. Nommé commandant de la ville forte de Landrecies, son pouvoir est étendu aux places de Guise, de Saint-Quentin et du Quesnoy. Fatigué par sa vingtaine de blessures, il est réformé. Admis à la retraite en 1799, il se retire à Marbaix (Nord) avec sa femme pour se consacrer à l'agriculture. Sous le Premier Empire, il est nommé chef de la 10e légion des gardes nationales du département du Nord, puis il est sollicité pour reprendre du service, mais il refuse. Il aurait pu, comme ses compagnons d'armes, devenir maréchal, sénateur et pair de France, mais aux honneurs et à la fortune, il préfère mener une vie calme, s'effacer et se retirer de la vie publique jusqu'à son décès, qui survient en 1830, en laissant quatre enfants.
Située sur une partie de l'ancien chemin de Maure, la rue qui porte son nom depuis 1900 relie le carrefour formé par les boulevards Mézeray et du Premier-Régiment-de-Chasseurs, et des rues du Chemin-de-Maure et Métée, à celle de l'Écusson, à la hauteur de la rue de l'Adoration.
Bibliographie : Paul Marmottan, Le général Pierre Jacques Fromentin, 1754-1830, Éditions Charavay, 1890.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).