Ernouf (Jean)

Jean Ernouf, fils d'un maître de danse, est né à Alençon en 1753. Après avoir été lui-même maître de danse, puis recruteur, il s'engage dans l'armée au début de la Révolution comme simple soldat. Il est ensuite affecté, en 1791, en qualité de lieutenant d'infanterie, au 1er bataillon de l'Orne. À Bergues (Nord), il parvient à forcer l'armée anglaise qui bloque la ville. Son courage lui vaut de passer rapidement par tous les grades. Nommé capitaine en 1793, puis colonel, il devient chef d'état-major des armées du Nord et des Ardennes. Se distinguant à la bataille d'Hondschoote, il est promu général de brigade le 20 septembre 1793, puis général de division à la suite de la levée du siège de Maubeuge. Accusé d'incivisme, il est suspendu le 8 décembre. Remis en activité en 1794, il nommé chef d'état-major à l'armée de la Moselle et à celle de Sambre-et-Meuse, puis il est chargé d'organiser celle des Alpes. En 1797, il est appelé au poste de directeur au dépôt de la guerre et il reçoit les fonctions de chef d'état-major à l'armée du Danube en 1799. À la fin de cette même année, il est appelé au poste d'inspecteur général d'infanterie à l'armée d'Italie. Après s'être distingué à Novi, il est nommé en 1803 capitaine général de la Guadeloupe et des îles Sous-le-Vent en 1816, où il montre beaucoup d'énergie et de talent comme soldat et comme administrateur. Obligé de capituler en 1810, il est fait prisonnier, envoyé en Angleterre et échangé en 1812. À son retour, la rumeur publique l'accusant d'avoir vendu l'île, il est mis en jugement devant la Haute Cour impériale pour ce fait qui ne fut jamais bien établi. Acquitté, il est mis en liberté provisoire en 1814 et exilé à cinquante kilomètres de Paris, demeurant en disgrâce jusqu'au retour des Bourbons. La procédure est alors suspendue par Louis XVIII après l'abdication de l'empereur. Il se rallie alors à la Restauration qui le comble de faveurs et reçoit au début de mars 1815 un commandement dans le corps d'armée du duc d'Angoulême, fils aîné de Charles X, avec lequel il s'oppose vainement au retour de Napoléon, ses troupes l'ayant abandonné. Pendant les Cent-Jours, il est destitué et ses biens mis sous séquestre. Le 22 août, il est élu député de l'Orne, puis de la Moselle. Appelé au commandement de la 3e division militaire en 1816, le général Ernouf, qui est fait baron et commandeur de l'ordre royal de Saint-Louis le 3 mai, grand-officier de la Légion d'honneur depuis 1804, est mis à la retraite en 1819 et se retire dans sa famille à Paris où il s'éteint en 1827.

Une caserne a porté son nom de 1861 à 1990.

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).