Bonet (Jean)
Jean Bonet est né à Alençon en 1768. En 1786, il s'engage comme simple soldat. Brave et habile, il monte rapidement en grade, devient chef d'état-major de son compatriote, le général Jacques Fromentin, et il est promu général de brigade à titre provisoire en 1794. Il participe aux campagnes de 1794-1795 aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, durant lesquelles il perd l'œil gauche à la bataille d'Hondschoote (Nord). Il sert ensuite aux armées d'Allemagne, de Mayence et du Rhin. Destitué en 1798 sur l'accusation d'avoir exigé arbitrairement des contributions pour frais de table, il est absous par le tribunal militaire de Wiesbaden. Il se fait ensuite remarquer à Hohenlinden (Allemagne), puis au combat d'Issen où il fait 1 500 prisonniers et il est nommé général de division en 1803. En 1810, le général Bonet obtient les plus grands succès en Espagne et au Portugal. Fait comte en 1811, il revient à Alençon et achète à son demi-frère l'ancien couvent des filles Sainte-Claire, qu'il revendra à Pierre Masson pour se retirer à Saint-Denis-sur-Sarthon dans son château de la Touche.
En 1825, ayant reçu sa nomination à la tête du 6e corps, le général se distingue à Bautzen (Allemagne), mais il est fait prisonnier lors de la capitulation de Dresde. La paix revenue, il est libéré et appelé au commandement de la 12e division militaire. Pendant les Cent-Jours, nommé d'abord à la tête d'une armée sur la Loire, il est ensuite gouverneur de Dunkerque, commandant à Metz et finalement chargé de la défense de Paris, de Charonne à Bercy. Mis en non-activité lors du licenciement de l'armée en 1815, il est nommé inspecteur général d'infanterie en 1818, puis replacé en disponibilité en 1820 et mis à la retraite en 1824.
Rappelé à l'activité en 1831, il est commissaire lors de l'insurrection des départements de l'Ouest en faveur de la duchesse de Berry et il contribue à mettre un terme à un commencement de guerre civile. Fait pair de France, il est chargé, en 1833, de la présidence de la commission chargée d'aller constater l'état de la colonie d'Alger. Admis dans le cadre de vétérance en1835, puis dans celui de réserve en 1839, il est mis à la retraite en 1848. Rétabli dans le cadre de réserve en 1852, il est appelé à siéger au Sénat.
Le général Bonet, chevalier de la couronne de fer, chevalier de Saint-Louis, grand-croix de l'ordre de la Réunion, que la tradition locale représente comme un homme violent et brutal, s'éteint en 1857 en son hôtel de la rue de la Poterne.
Une caserne, installée dans les locaux du monastère des capucins et démolie en 1959, a porté son nom. C'est sur son emplacement que la place Bonet, dénommée ainsi en 1957, a été aménagée.
Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).