Alençon (étymologie)

Jean Brière, dans son Récit véritable et mémoires de tout ce qui s'est passé dans la ville d'Alençon, rédigé de 1709 à 1732, pense que se sont les Anglais qui auraient fondé notre ville.

Joseph Odolant-Desnos, dans son ouvrage intitulé Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs paru en 1787, présume que c'est du peuple gaulois les Aulerces que notre ville tire son nom. Robert du Mesnil du Buisson, dans son étude Les origines d'Alençon, Sées, Gacé, Exmes et Argentan, publiée en 1949, et René Herval dans Alençon édité en 1954, suivent cette voie. Mais, sachant aujourd'hui que la ville est vraisemblablement née entre les IVe et VIIIe siècles et que Claude Lambert et Jean Rioufreyt, en 1981, au cours d'un colloque ayant pour thème les frontières de la Gaule, ont démontré que les Aulerces ne peuplèrent certainement pas la région alençonnaise, cette hypothèse ne tient plus.

L'abbé Jean-Jacques Gautier, dès 1805, dans son Histoire d'Alençon, met en doute l'explication de Joseph Odolant-Desnos et pense que ce sont les Alains, peuple barbare qui a ravagé la région alençonnaise en 407, qui ont fondé notre ville. Alençon, signifierait "le fort des Alains". Le prêtre est suivi en ce sens par Philippe Leroux dans 2000 ans d'Alençon ou l'Histoire d'Alençon en bandes illustrées publiée en 1981.

Suivant Louis Duval, archiviste du département de l'Orne de 1878 à 1909, le nom d'Alençon vient de al signifiant "près", en voulant dire "île", et con "confluent". Alençon voudrait donc dire "l'île située près du confluent", ce qui peut s'appliquer au quartier Saint-Léonard placé entre la Sarthe et les bras de la Briante.

Le Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France d'Albert Dauzat et de Charles Rostaing, de 1963, situe la naissance d'Alençon à l'époque mérovingienne (460-751) et estime qu'elle tire son nom d'un Gaulois nommé Alantius.

La Géographie linguistique descriptive, rédigée de 1970 à 1982, se risque à proposer une interprétation qui prend en compte, d'une part, le voisinage de plusieurs massifs forestiers importants aux abords d'Alençon et, d'autre part, la présence particulièrement dense du frêne. Dans ce contexte, la langue celte donnerait al, signifiant "de", onn voudrait dire "frêne" et ci serait traduisible par "forêt" ; Alonnci serait ainsi "le bois de frênes".

Enfin, d'après Roger Verdier, auteur du livre La Cénomanie celtique, synthèse et toponymie publié en 1978, la situation géographique du quartier de Montsort, proche du gué qui est à l'origine de la naissance d'Alençon et dont le nom lui semble gallo-romain, situé sur la rive gauche et dans une courbe de la Sarthe, pourrait être à l'origine étymologique de notre ville. En effet, d'après lui, cet emplacement peut se traduire par Aluncus, al signifiant "devant" et uncus voulant dire "crochet". Gérard Louise, dans l'Atlas historique des villes de France paru en 1994, va dans un sens proche en écrivant : "Les rivières ont donc façonné la ville. Le nom même d'Alençon a sans doute pour origine un hydronyme pré-latin (al-) désignant les accès aux cours d'eau."

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).