Érard de Ray (hôtel)

L'hôtel Érard de Ray, au n° 6 de la rue du Bercail, dans lequel est installé le tribunal de commerce, est l'un des plus intéressants de la ville. C'est une construction en granit de la fin du XVe siècle remaniée au XVIIe. Il présente un corps de logis avec deux ailes se refermant par des pavillons presque carrés portés sur un pilier et deux arcades. Il comprenait une cour carrée aujourd'hui englobée dans des bâtiments postérieurs. Au XVIIIe siècle, de nouvelles fenêtres plus larges sont percées et les lucarnes sur la rue sont décorées de boules sculptées dans la pierre. Un escalier en vis, qui fut probablement nanti d'une coursière, est intégré dans une jolie tourelle polygonale coiffée d'un toit à pans, et l'aile gauche comporte une partie en colombage en légère saillie sur laquelle se trouve un cadran solaire.

La magnifique salle d'audience de style Louis XV (1715/1774), avec sa cheminée monumentale, a servi de modèle à Honoré de Balzac, venu à Alençon en 1825 et 1828, pour le grand salon de l'hôtel d'Esgrignon dans Le cabinet des antiques. Le mur séparant l'hôtel de la rue a été remplacé par une grille en 1852. Cette habitation seigneuriale abrita un temps l'abbé de Sées, à qui succéda l'intendant de la généralité, précurseur du préfet, établi par un édit du mois de mai 1636, qui y demeurera jusqu'en 1666. Après avoir été achetée par Louis XIV en 1645, une chapelle est élevée en 1657. Devenu juridiction consulaire par un édit de mars 1710, l'immeuble est affecté au tribunal de commerce en 1790. Un arrêté ministériel de 1913 a classé le tribunal de commerce, appartenant au Département, parmi les monuments historiques.

 

Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003).