Ce trio d'affreux s'est constitué en 1981 à Newcastle.Au départ, ils étaient cinq, mais la tendance la plus dure du groupe finit par dégoûter les autres, et messieurs Lant, Dunn et Bray restèrent.

Nos trois enragés prirent alors leurs pseudonymes mythologiques, empruntés aux personnalités les plus sanglantes qu'ils purent trouver, et se muèrent ainsi en Cronos (basse et chant), Mantas (guitare) et Abaddon (batterie). Ils confièrent leur première maquette à un journaliste de Sounds qui, sérieusement abîmé par l'écoute de la chose, oublia de l'ôter de sa play-list pendant quelques semaines. Du coup, Venom se présenta tête haute chez Neat Records, label local de Newcastle, où il enregistra courant 1981 son premier single, "Live like an angel ",dont les deux titres furent repris sur l'apocalyptique album qui le suivit de peu,"Welcome to hell". Au premier abord, cet album attirait plutôt les sarcasmes. Non seulement il y avait ces pseudonymes un peu trop carnassiers, mais aussi ces appellations de "basse bulldozer" et de "guitare-tronçonneuse" qui faisaient rigoler à la lecture de la pochette.

On ne rigola pas longtemps, car la guitare de Mantas sonnait effectivement comme une tronçonneuse, et faisait à peu près le même effet! . Dès le premier morceau, "Sons of Satan", il devenait évident que jamais on n'avait rien entendu d'aussi barbare, d'aussi agressif en matière de rock. Motörhead, les Stooges ou les Sex Pistols semblaient des bambins inoffensifs en comparaison. Certes, ce premier album est fort mal produit, et les guitares sonnent souvent comme des râpes à l'ouvrage. Mais, curieusement, cela ne nuit pas du tout au disque, au contraire, cela sied plutôt bien à ce heavy metal rock dont c'est peu dire que l'énergie est le premier mot d'ordre. Par moments, c'est presque insoutenable. Depuis, Venom a produit deux 45tours "Bloodlust", sorti le vendredi 13 août 82 et l'indispensable "Die Hard", paru en 83, ainsi qu'un second album, "Black Metal", qui montrent que si le trio est à présent parfaitement produit, il n'a rien perdu de sa venimeuse virulence.

"Blackmetal" vous agresse dès le départ, avant même le premier morceau, par une bande-son métal placée sur le bord du disque, d'habitude vierge, et ne vous lâche plus jusqu'aux première mesures de "At Warwith Satan", balancées en fin de face 2, et qui sont en fait le début du troisième album ! Ce "Blackmetal" a cette fois permis d'apprécier Venom à sa juste valeur. Venom est donc la vilaine bête qui monte, même si ses trop rares concerts risquent de le freiner un peu. Toutefois, il faut nous méfier de ces trois gaillards, qui, avec leur management, veulent aussi nous la faire à l'esbrouffe. Cela a réussi à Nugent, mais pas à UFO. L'avenir dira si cette stratégie vantarde est la bonne. En tout cas, elle cadre plutôt bien avec le heavy metal extrêmiste de "Live like an Angel", "Black metal" ou "Don't burn the Witch", leurs morceaux de bravoure, les plus speedés de toutes les annales hard.

Oreilles fragiles et mélomanes hard sont priés de s'abstenir, ces gens-là sont un peu les Sex Pistols du heavy. Mais cela fait du bien d'être sérieusement bousculé, de temps en temps. Pour ces moments-là, vous avez désormais ce Venom des cavernes.

-Cronos. Basse / Chant

-Mantas. Guitare

-Abaddon. Batteur