Ce fut lors de l'été 1975, à Toronto, que naquit véritablement Triumph lorsque Mike Levine (moustache, basse, claviers) et Gil Moore (chant, batterie) furent rejoints par Rik Emmet (chant, guitare), dissident d'un groupe progressiste, Act 3. Leur tâche était lourde car le terrain canadien était déjà occupé par un autre trio, Rush. Ils décidèrent donc de faire un hard plus corsé et moins sophistiqué que celui des Yes du heavy, pour s'en différencier nettement. Bien leur en prit. Ils commencèrent à tourner fin 1975 au Canada, firent paraître leur premier album, " Rock'n'Roll Machine ", en 1976, et le second, " Triumph ", la même année, juste avant de commencer à tourner aux USA en 1977. Les deux premiers albums furent alors compilés en un seul avec le titre du premier, version actuelle de " Rock'n'Roll Machine ".
A partir de 1979, Triumph se consacra à l'équipement progressif de son propre studio, Metal Works, qui devint peu à peu le mieux équipé de tout le Canada. Parallèlement, ses albums connurent des bénéfices de plus en plus conséquents. Il y eut d'abord " Progressions Of Power " (1980), puis l'album du déclic décisif, " Allied Forces " (1981) avec notamment celui qui reste leur plus beau morceau, " Magic Power ", où toutes les qualités de Triumph -finesse mélodique et sonore, science des contrastes et des crescendos, chant fluide, guitare empressée -s'expriment à plein. " Allied Forces " fréquenta pendant de longues semaines le haut des charts américains et canadiens. Mais ce succès ne sera rien comparé à celui de " Never Surrender ", son successeur.
Dès lors, Triumph devient l'une des valeurs les plus sûres du marché américain et ne se donne pas vraiment de mal pour aller chercher fortune ailleurs, ce qui explique qu'il ait connu bien moins d'écho en Europe. Depuis, il a poursuivi une carrière aussi exemplaire qu'impeccable, en gardant toujours cette volonté de rester ouvert sur plusieurs horizons musicaux à la fois. Ainsi, il a résisté à la tentation du FM, et s'il le pratique, ce n'est pas davantage que le reste. Jamais de scandale, jamais de faute de goût, des disques confortables, remuants, luxueux, comme " Thunder Seven " ou le dernier " The Sport Of Kings ", des concerts chaleureux dont témoigne le double live " Stages" : vraiment rien à reprocher à Triumph.
-Mike Levine. Basse
-Gil Moore. Chant / Batteur
-Rik Emmet. Chant / Guitare