TED NUGENT

Avec sa carrure de monstre, sa gueule de dévoreur de planètes, ses mains de titan virtuose, sa guitare d'apocalypse, Ted Nugent vient jouer les bravaches, les matamores, le genre de personnage fanfaron à la Mohammed Ali qui mise autant sur son talent (réel) que sur sa force d'intimidation. Dans le théâtre héroique du hard, Nugent interprète à merveille le rôle du pourfendeur de génie toujours prêt à la rixe et au bras de fer musical. Pas vraiment d'Artagnan, plutôt Porthos en fait.

Cette (politique) de l'esbroufe fut ce qui lui permit de sortir de l'anonymat. Nugent galère en effet depuis la fin des sixties. Au départ, il commettait un hard assez terne (et pourtant parfois prétentieux) avec un groupe nommé Amboy Dukes. Originaire de Detroit, la mythique Motor City dont le ventre de métal avait déjà accouché de monstres rock'n'rolliens comme MC5, Stooges, Bob Seger, Mitch Ryder, Nugent erra longtemps entre les Grands Lacs, ne trouvant de succès qu'avec un seul album des Dukes, ( Journey to the centre of the mind ) en 1968, Il ne se révéla qu'en optant pour une politique de vantardise à outrance, accumulant des déclarations du style ( Je suis le meilleur guitariste du monde ), Et le bon peuple de venir vérifier, intrigué par cette grande gueule qui avait tué la modestie un soir d'orage. Et de découvrir un guitariste ma foi vraiment pas mauvais, même s'il n'était pas le meilleur, évidemment.

A partir de 1976, Nugent fut pris en main par le management si efficace d'Aerosmith et parvint à s'imposer. Mais il jouait tellement le jeu du Scaramouche du hard rock que sa musique était par trop encombrée de démonstrations clinquantes, d'un culturisme sonore qui ne passait qu'au second degré. A partir de "Cat scratch fever ", Nugent, une fois installé et reconnu, joua alors la carte de l'efficacité et de la propreté-dans-la-performance, et l'on s'aperçut qu'il était vraiment un très bon guitariste. Depuis quinze ans qu'il manie le riff, il commence à avoir une certaine maîtrise du raz de marée, il est vrai. Comme quoi, finalement, il n'était pas si vantard que cela, même s'il n'est toujours pas le meilleur, notre Monsieur Muscle du hard.

Personnel: Ted Nugent (chant, guitare ) Derek St. Holmes ( guitares), Cliff Davies ( batterie), Rob Grange (basse).