Pour ce qui est de vous étrangler d'une main et de vous papouiller de l'autre, Don Dokken et ses complices n'ont que peu de concurrents. Et leur heavy aigre-doux est d'autant plus intéressant que -par on ne sait quel miracle musical, par on ne sait quelle secrète maîtrise des dosages savants -Dokken est parvenu à marier la hargne et la mélodie sans jamais s'approcher de trop près de ces highways du hard FM qui mènent de façon parfois trop évidente au sommet des charts.
Tout au long de ses trois albums, Dokken a su préserver sa pureté, d'intention comme d'action, ce qui ne valorise que davantage son hard-joaillerie. Toutefois -ceci expliquant cela -il n'a pas non plus atteint les faîtes de popularité d'un Bon Jovi ou d'un Ratt.
Pour Dokken, le ciment du groupe est la totale incompatibilité d'humeur qui règne entre ses membres, et notamment entre son chanteur Don Dokken et son guitariste-acrobate George Lynch. Vrai, ces types se détestent. Dokken ne peut supporter ni le caractère ni la façon de vivre de Lynch, et réciproquement. Et même chose pour le bassiste Jeff Pilson et le batteur Mick Brown.
A la fin des années 70, Don Dokken était déjà fort connu à LA., où il fut un des partenaires les plus actifs du renouveau hard, découvrant notamment Great White, Black'n Blue, produisant les demos de nombreux groupes, ce qui explique que son nom apparaît si fréquemment à la rubrique des "Special Thanks". En 1980, il se décida enfin à former son propre groupe, et le hasard l'amena alors à s'activer surtout en Allemagne, où il se lia avec Accept, où il chanta sur le "Blackout" des Scorpions, où il s'acoquina avec Dierks et Wagener, où il produisit même le premier album du groupe, "Breakin' the Chains", qui sortit en 1982 sur Carrère, un label européen qui ne fit pas grand'chose pour lui. Heureusement, Elektra finit par s'intéresser à cette bande de haineux, ressort l'album en 1983, puis leur permet de réaliser en 1984 le fabuleux "Tooth & Nail", où le groupe éclate vraiment.
Dokken tourne alors avec les plus grands, Y & T, Twisted Sister, Dio, et capte d'ailleurs autant leur respect que leur amitié. Son hard devient de plus en plus millimétré, superbe de rage ouvragée, un vrai régal qui n'est pas sans évoquer la cousine orfèvrerie en métal lourd des Scorpions. "Under LocK And Key",a d'ailleurs confirmé solidement tout le bien que l'on peut penser de ce Dokken, ce groupe invraisemblable qui transforme du jus de discorde en nectar d'harmonie.
-Don Dokken. Chant
-George Lynch. Guitare
-Jeff Pilson. Basse
-Mick Brown. Batteur