ANTHRAX

Anthrax naquit à Manhattan vers la fin de 1981 mais ne connut sa forme professionnelle que vers 1983. Ce fut le guitariste Scott Ian qui fut le fondateur du groupe et en demeure toujours le leader. Il faut noter qu'il se réserve d'ailleurs uniquement le rôle de rythmique et qu'il apparaît un peu comme le Rudolf Schenker d'Anthrax. Ce fut là son seul groupe.

Peu à peu, il sélectionna au fil des galères les complices les plus aptes, notamment le guitariste Dan Spitz et le batteur Charlie Benante. Tous ne rêvaient alors que d'une musique aussi lourde que celle de leurs chères influences de toujours, à savoir les premiers Black Sabbath et Judas Priest. Avec le chanteur Neil Turbin, Anthrax enregistra en 1984 son premier album, " Fistful of Metal ", et l'on remarqua tout de suite que ce groupe était trop bien entouré pour n'être pas valeureux. En effet, c'était Jon Zazula, le premier producteur de Metallica, qui avait pris leur destinée en mains. L'homme avait déjà la réputation de secoué notoire, et n'était donc pas du genre à s'émouvoir de n'importe quoi : s'il s'occupait d' Anthrax, c'était que cela remuait vraiment. La production elle-même était effectuée par Carl Canedy, l'obelixien batteur des Rods, groupe voisin de son et de domicile (puisque du New Jersey). Canedy n'était pas non plus du genre à produire du sucre d'orge.

Et effectivement, quand on put entendre ce " Fistful of Metal ", on put constater que c'était du raide. Pourtant, Scott Ian n'était pas satisfait du résultat. Il trouvait notamment que Neil Turbin ne s'impliquait pas assez dans le groupe, qu'il prenait trop les choses à la rigolade. Le groupe se modifia donc et incorpora le remarquable Joe Belladonna, qui officie sur le tonitruant " Spreading the Disease ". Alors que souvent les groupes très violents possèdent davantage des hurleurs que des chanteurs (ni Jim Hetfield, ni Lemmy, ni Cronos ne peuvent passer pour des homologues de Meine, Dio ou Dickinson), Anthrax s'est déniché là un remarquable chanteur, un vrai, qui arrive à plaquer des Iyrics remarquablement modulés sur ce réseau de riffs cloutés.

Ainsi, Anthrax a incontestablement acquis une envergure plus grande. Aux States, il a tourné avec ses potes de Metallica , mais aussi avec Exodus, Overkill, ce qui situe très précisément Anthrax dans un certain contexte hyper-heavy dont il refuse d'ailleurs pour l'heure de s'extraire pour respecter sa vocation. Pas question d'aller ouvrir pour Bon Jovi : ils ne sont pas de la même planète. D'ailleurs, les gens d'Anthrax revendiquent leur particularisme de groupe East Coast, une côte encore un petit peu déshéritée côté hard, comparée à L.A., mais qui possède effectivement une hargne très personnelle. Après Kiss et Twisted Sister, Anthrax pourrait bien devenir le nouveau Pôle Est des States.